31 mars 2011

Profession : râleuse

C’est un arrêt obligatoire parce que la plage est si invitante : Poindimié.  Vous avez sous les pieds de minuscules coquillages jetés là par le roulis des vagues.  On y plonge les mains dans l’espoir de voir apparaître tout au fond de sa paume une pluie de nacre aux reflets crémeux.

Le soleil plombe juste au dessus de la montagne verdoyante.  On se croirait échappé de la jungle tellement la végétation est luxuriante dans ce coin de pays.  Les enfants sautent comme des grenouilles dans les bouillons de mer.  Les parents, tenté par un si joli tableau, finissent par succomber pour aller les rejoindre tout habillés dans l’eau.

Comble de bonheur, Chéri et moi sommes sur le bout de plage en amoureux.  Pas d’enfants! Nous avons même pris congé de Bouboule, c’est tout dire! 
Il est toujours aussi craquant, ce mari.  Je le regarde se baigner, moi qui suis assise sur un bout de serviette, les mains pleines de coquillages.  Ah, tiens donc…Il y en a une qui doit partager mon avis parce que je vois qu’il est en train de se faire mater par une autre femme.  Cause toujours, ma jolie…Il est à moi!

Regard circulaire sur la plage et j’aperçois au loin une femme en speedo.  Elle est frêle mais je la devine tout de même en forme.  Elle est bronzée.  Elle aussi a les mains débordant de coquillages.  Sa demie noix de coco est remplie de trésors à ras bord. 

En passant près de moi, je l’aborde.  Je veux jeter un coup d’œil sur ses découvertes…Elle a l’œil bien affuté parce que ses coquillages sont magnifiques.  Je remarque aussi que malgré sa silhouette juvénile, c’est une vieille dame.  Ah, la vache, j’aimerais être aussi bien conservée quand j’aurai son âge!

« Vous avez fait une bonne cueillette? »

Elle s’anime comme une fillette, contente de parler enfin à quelqu’un.

« Je fais le plein parce que je pars le weekend prochain.  Je vais les mettre dans ma valise »

Elle poursuit sur le ton du reproche :

« Mon fils m’a dit que je suis en train de vider la plage…non, mais qu’est-ce qu’il croit!  Que je vais m’enfuir avec le dernier!  Il travaille comme barman à l’hôtel, il a épousé une kanak.  Quel endroit!  Avant, ils étaient à Nouméa et c’était bien mais ici, c’est un trou, un trou je vous dis!  Ça fait six semaines que je fais les courses pour leur famille.  Il n’y a rien dans les magasins.  J’en ai ras le bol de manger du riz, des pâtes, de la s’moule!  Et il n’y a que des carottes!  Pas de fruits, pas de légumes!  Non, mais qu’est-ce que c’est que ce bled perdu!  Et Hienghène, soit disant que c’est beau!  C’est encore plus perdu!  Il faut faire 300 bornes pour aller jusqu’à Carrefour à Nouméa et faire des emplettes qui vaillent la peine et encore là, je vous dis pas!  C’est cher!  Moi, madame, je ne reviens plus ici…. »

J’ai noté son léger parkinson pendant sa complainte.  À moins que ce ne soit simplement l’émotion de quitter ce « trou » comme elle dit…

Et bien moi, madame la parisienne, je le trouve joli cet endroit même si les carottes, je les mange en purée, en salade et en gâteau.  Vous êtes une râleuse.  Un éclair de six semaines sans se laisser émouvoir par toute cette beauté?  Retournez à Paris, c’est le pays des râleurs.  Vous y serez beaucoup mieux.

« Alors bon retour chez-vous! », ai-je répondu à la vieille dame à la silhouette de jeune fille.

Elle a fini par sourire et dire merci.
       LOVE' LOVE' LOVE' 
Le coeur de Voh, photo aérienne de mon amie Agnès

29 mars 2011


Les deux vies de Georges

Vous vous souvenez de Georges Proulx, originaire du village de La Visitation d’Yamaska?  C’est mon beau-frère Christian, celui qui est à 6 degrés de séparation du pape, d’Obama, de Bill Gates et de Madonna, qui nous avait lancé sur sa piste.  Vous ai-je dit que mon beau-frère connaît TOUT LE MONDE?  Son cercle d’amis s’étend jusqu’ici, en Nouvelle-Calédonie.  Il n’y a pas un perron d’église qui lui résiste.  Christian nous avait confié la mission de retrouver Georges parce que, selon ses dires, c’était son « ange-gardien ».  Allez donc dire non à pareille demande…


Nous avons fait une visite éclair à Georges, le retraité du Pacifique,  et à sa compagne Valélia, une wallisienne qui concocte un jus savoureux fait à base de fruits de la passion.  Tous les deux coulent des jours heureux à Bourail dans une maison qui appartenait autrefois aux frères de l’instruction chrétienne.  Elle est située juste en haut de la petite chapelle, près du Discount, sur un chemin qui monte abruptement.  On est en plein cœur de Bourail et la vue y est magnifique.

Je suis retournée voir Georges lundi dernier. Lui et sa douce était assis dans la cuisine.  Les rideaux battaient au vent comme des pavillons de goélette.  Il faisait bon.  Georges avait son même air rieur.  Valélia, elle, vous étouffe un sourire en battant de la main comme si une mouche l’incommodait.  Elle est sympa, Valélia.  Je l’aime beaucoup.  Elle nous a resservi sa délicieuse concoction aux fruits de la passion.

Mine de rien, Georges est débarqué en Nouvelle-Calédonie il y a 40 ans.  C’était en 1971.  On l’appelait alors Frère Georges.  Il avait fait ses vœux et comme beaucoup de religieux de l’époque, il était ici pour enseigner à la jeunesse calédonienne. 

Quarante ans dans un pays où les jours se suivent et se ressemblent dans une paisible indolence.  À l’exception du 5 mai 1988, lors de ce qui est convenu d’appeler ici « les événements :  des indépendantistes radicaux avait pris en otage des gendarmes sur l’île d’Ouvéa.  L’assaut donné par l’unité d’élite de la gendarmerie, le GIGN, avait provoqué la mort de 19 indépendantistes et deux militaires.  La crise d’Oka, version kanak.  Georges ne peux pas nous donner plus de détails parce qu'il n'était pas ici pendant cette période trouble. 


Où était Georges?  Il était au Québec pour y vivre pendant cette même année .  Cette deuxième vie ne s'est pas amorcée de façon inopinée: Frère Georges était redevenu Georges, tout simplement.  Lui aussi a connu « les événements », un grand bouleversement dans sa vie: il est tombé en amour avec une certaine Valélia.  Ils ont uni leur destinée en 1989 à Paris puis en 1990 à Montréal.  Deux mariages, un civil et l’autre devant Dieu, pour bien sceller leur union.

Le caillou rappelle souvent bien des cœurs.  Le couple revient donc en Nouvelle-Calédonie en 1991 et Georges poursuit sa mission d’éducation.  Si vous allez du côté de Pouébo, au nord de Hienghène, sachez que c’est lui qui a mis sur pied l’école professionnelle du coin.  Il a formé deux générations de mécaniciens et menuisiers.  Mahité, une mélanésienne du coin, est venu l’épauler pour organiser les cours de couture et de cuisine.  Non, mais…n’allez pas croire qu’il sait tout, il a eu besoin d’un coup de main, le Georges!

Encore aujourd’hui, il y a des travailleurs sur le chantier de la plus grosse mine de nickel au monde, KNS,  qui se souviennent de Monsieur Georges.  C’est lui qui a jeté les bases de leur éducation.  Même à la retraite, Georges poursuit sa mission.  Il est catéchète à Bourail.
Il compte faire une petite visite au Québec probablement en 2012.  Mais soyez assurés qu’il reviendra à Bourail.  C’est là que se trouve sa patrie.  Là où il veille sur son luxuriant jardin, celui qui lui donne des fruits en abondance jour après jour.

A plus tard, Georges.  Bisoux à toi, Valélia!
 Le mur des lamentations

Donnez-moi une minute top chrono et je vous défile en vrac mes frustrations.
Suis-je plongée dans les affres du SPM?  Peut-être alors tassez-vous que je me défoule un bon coup.
  
Un cantaloup « culture locale » à 15 piastres

Les gendarmes qui te contrôlent pour des pécadilles alors qu’il y a une taverne sur le trottoir en face


Les jeunes gendarmes arrogants qui te disent comment être une mère responsable au volant.  Pas capable!

La chicane pendant le souper

Attendre des nouvelles de quelqu’un et tout ce qu’on a, c’est un silence radio. J’haïs ça!

Laver du blanc et ça sort gris

Décortiquer les crevettes

Bouboule qui se pousse avec l’air de dire « attrape-moi si t’es capable! »

Les moustiques qui piquent 14 fois avant que je ne parvienne à les pulvériser

Lady Gaga

Du sable dans les draps

Les babounes.  Toutes les babounes


La séance de défouloir est maintenant levée.  Je vous remercie de votre bienveillante attention.

28 mars 2011

Un après-midi à la tribu de Tiaoué

Sois belle et tais-toi?


Je suis chez Roes, l’épicier du coin et j’attends à la caisse.  Je me surprends à fredonner bêtement ce qui joue à la radio, une reprise d’un vieux tube français : « Annabelle, tu es la plus belle lorsque tu te tais… »  Pourquoi je turlute cet air stupide, ringuard et rétrograde?  Parce que ça joue en boucle à la radio depuis quelques semaines.  Un certain Mallory Michel, un chanteur de charme corse, a commis ce succès pendant les années yé-yé.  J’ignore pourquoi on a ressorti cette chansonnette misogyne des boules à mites mais elle tourne à fond, trois à quatre fois par jour.  Lavage de cerveau garanti.
« Sois belle et tais toi…Et ne parle pas….Tu es bien plus jolie…Lorsque tu souris….Sois belle mais quand même…Tu peux me dire je t’aime…Car je sais très bien…Que ce mot  là…Toi tu le dis bien…lalalalalalalalalal » 

Y a-t-il des « Annabelle » ici en Nouvelle-Calédonie, des minettes qui battent des cils sans jamais dire un mot? 

Il serait facile de dire oui en jugeant simplement l’acte coutumier ce geste symbolique qui montre le respect des règles du pays et de ces pratiques ancestrales.  Ce sont les hommes qui sont chargés recevoir les témoignages de respect.  C’est ainsi lorsqu’on entre en tribu. Ne cherchez pas la femme.  Cherchez plutôt le responsable coutumier pour lui tendre une pièce de tissu et un billet de 500 francs.   Pratique macho?  Pas du tout.  C'est plutôt l’expression d’un geste qui témoigne à quel point la culture kanak a traversé les âges sans succomber à la mode moderne.

En 2011, qui sont les plus farouches gardiens du mode de vie kanak?  Les femmes.  Et si l’une d’elles s’appelle Annabelle, ce n’est certainement pas la jolie potiche de la chanson.


*****

Josiane, une force de la nature
Tribu de Tiaoué, par un bel après-midi de mars.  Les femmes prennent le plancher de danse pour bouger sur un air qui n’a rien à voir avec la ballade "Annabelle" susurrée ad nauseam par Mallory Michel.  Elles se laissent bercer par les intonations de la musique et leur robe mission se gonflent comme de jolies voiles colorées.  C’est une journée spéciale dédiée à la femme. Il y a des représentantes des neuf tribus de la commune de Koné : Baco, Koniambo, Poindah, Atéou, Néami, Bopope, Noelly, Netchaot et Tiaoué.  

Josiane, jeune cinquantaine, m’explique que toutes ces femmes ont développé un puissant réseau pour garder leur culture bien vivante.  C’est tout un défi :  neuf tribus qui ont chacune une langue bien distincte.  .  « Nous avons maintenant une école pour les petits à Tiaoué.  Ça leur permet de parler leur langue », me dit Josiane.  Elle sait de quoi elle parle : c’est elle la directrice de ce nouvel établissement.

Une question surgit à mon esprit: la vie en tribu parviendra-t-elle à traverser un autre millénaire?  Je me sens soudain loin, très loin de mon boulevard à supermarchés et de mes rayons de chaussures à talons hauts. Dans ma vie nord américaine, mon féminisme était combat.  J'ai souvent eu l'impression qu'il fallait que je replace une paire de couilles imaginaires pour foncer et réussir.  Tout ça en mettant les bouchées doubles pour assurer mon rôle de mère-poule-couveuse.  Ici, rien de tout ça.  Seulement la force tranquille qui émane de ces femmes.  Elles sont peut-être tapies dans l'ombre des hommes mais elles veillent sur tout.  Je suis assise sur l’herbe avec Josiane, Dorothée et Maria, à discuter pendant qu’elles tressent des paniers.  Instant magique en tribu.  La fragilité de ce milieu me touche.  Mais la grande détermination exprimée par les femmes réunies aujourd’hui me rassure sur la perennité de ce lieu perdu au paradis. 

23 mars 2011

En haut, à gauche, c'est chez nous
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Équitation pour les nuls

Je m’attelle à un nouveau sport : l’équitation.

« C’est pas un sport! », me fait remarquer Chéri.  « C’est le cheval qui fait tout le travail, toi tu fais la promenade! »
« … » 
Mieux vaut se taire lorsque le mâle Alpha énonce une énormité.  L’équitation EST un sport.  Je l’ai senti au lendemain de ma première leçon.  C’est comme si j’avais fait de la bicyclette sur un Harley Davidson à pédales.  Ouch!  Et à y regarder de plus près, j’avais même des bleus.  J’ai passé deux jours à grimacer.  Mais je ne lance pas la serviette : je veux faire du cheval sans avoir l’air ridicule.

Pourquoi s’infliger pareil supplice?  Parce que dans cette région de la Calédonie, on est comme à St-Tite.  Il y a plus de chevaux que de personnes au mètre carré.  Je veux faire une promenade avec Clopinette et Princesse des îles sans les entendre rire dans mon dos.  Maman est cool.  Maman peut manier la bride avec la désinvolture de John Wayne.  Allumez moi une Malboro quelqu’un et je pars au galop.

Si vous venez vous établir dans mon patelin, je vous encourage à vous inscrire au cours du mardi matin.  C’est la séance « Équitation pour les nuls ».  J’adore.  On part au pré pour ramener son cheval après lui avoir passé le licol.  Soyez ferme avec votre monture parce que vous allez vite penser que cette chose inerte qui ne bouge pas d’un poil est un âne.  Ils ont tous leur petit travers : si c’est Clin d’œil, il faut chanter pour l’amadouer.  Si c’est Bounty, le gros qui fait la loi dans le pâturage, il faut avancer vers lui comme si on était dans un ring de boxe.  Si c’est Ohio, faites vous à l’idée,  il donne des coups de tête.  Vous finirez tous par espérer monter Benji ou Imprévu comme si votre vie en dépendait mais vous aurez rarement cette chance.  On ne gagne pas toujours à la loterie de la monture de choix.  C’est comme ça.

Une fois sorti du pré, eh bien…vous n'êtes pas sorti de l’auberge!  Vous devez faire la petite toilette de votre cheval avant de le seller.  Comme par hasard, vous tombez toujours sur le plus crotté du lot.  Brosse, brosse, brosse…Il me semble qu’il me pousse du poil sur les dents juste en l’évoquant tellement ça fait une poussière incroyable.  Après, il faut passer le mors.  Tu ouvres la gueule du cheval, comme ça…Oui, tu lui fous tes doigts entre les babines pour lui titiller la dentition en espérant qu’il ne te broie pas les phalanges.  Facile!  

Ensuite, tu poses le tapis sur son dos et la selle qui vient par-dessus.  Pas trop en avant, pas trop en arrière, laisse un poing pour la croupe et chante Hallelujah de Leonard Cohen sans fausser.  Voilà, ton cheval est prêt.

Ah, non…Pas tout à fait.  Il faut lui décrotter les sabots.  Une opération délicate alors qu’il faut empoigner le sabot, gratter, souffler et souffrir. 

La leçon peut maintenant commencer.  Et merde!  Je suis à bout de souffle et trempée de sueur alors que mon cheval est frais comme une rose.

On se dirige vers la carrière d’entraînement, un corral au pied du Koniambo. 

Difficulté no. 1 :   mettre le pied à l’étrier.  Si vous avez comme moi un joli galbe mais une jambe somme toute trop courte, vous aurez l’air du nain dans Love Boat qui essaie d’enfourcher une girafe.  Ce n’est pas très élégant.

Gaffe no. 1 :  vous oubliez de bien resserrer les sangles de la selle du cheval.  Alors là, c’est le burlesque à son meilleur!  Vous êtes accroché au flanc de l’animal, inconsciente d’avoir fait glisser la selle parce que vous cherchez encore le mode d’emploi.

Défi de tous les instants :  passer au trot sans avoir l’air d’un vulgaire pop corn sautillant sur votre monture.  Vous compter un- deux, un-deux… Ça va pendant un demi tour mais le tempo finit toujours par se déglinguer et vous voilà reparti avec votre bombe de travers sur la tête à rigoler comme une gamine.

L’heure passe très vite.  On redescend du cheval avec l’impression d’être passé dans un car wash tellement on est lavé et vidé de toute énergie.

Il faut cependant puiser dans vos réserves…pour desseller votre monture.  Et vous voilà encore avec la brosse à vous faire pousser du poil sur les dents!

Ça paraît éreintant?  C’est pourtant un grand bonheur auquel je m’adonne à toutes les semaines.

Je reviens à la maison fourbue, crottée comme un cheval qui sort du pré et profondément satisfaite des progrès que je fais.  Je suis moins ridicule à cheval aujourd’hui que je ne l’étais hier.  C’est un pas en avant.

21 mars 2011

Débile, Sarraméa!!!

Les Z’amis
C’est un voyage rempli de rires et de petites confidences.  C’est une complicité qui se tisse au fil des 5 à 7 et des pique-nique partagés sur le coin d’une natte à la plage.  On noue de nouvelles amitiés avec un certain sentiment d’urgence parce qu’on sait que le temps va filer drôlement vite.  Les mois s’écoulent à vitesse grand V et il n’y a pas un weekend à perdre!  On est bien entourés dans notre quartier :  à un coin de rue d’ici, il y a la jolie Agnès et Denis-Fun-Board.  Un autre pâté de maisons et c’est ma belle Martine et son complice, Alain.  En piquant à travers la clôture, vous aboutirez chez les « Clou », Louise Godbout et Vincent Cloutier, parents d’ados et d’un nouveau né nommé Bambou (c’est un chiot gras comme un voleur!)
C’est sans compter mes nouveaux voisins, Sébastien de Toulouse et Marjorie sa douce.  Ils ont un beau bébé grouillant de 18 mois, Elian.  J’en oublie parce qu’il y a des expats qui débarquent à tous les mois ici.  Si on se sent un peu seul, on n’a qu’à aller cogner à la porte d'un voisin.  Et il va répondre en vous offrant de boire un pot!! Sympa, non?
On ne compte pas les tours quand on invite à souper.  L’important, c’est de voir nos nouveaux amis pour rire un bon coup et partager notre amour pour ce magnifique pays. 
Nous avons passé un bien beau dimanche à Sarraméa.  Comme le dit la chanson des Black Eyed Peas, on a fait les débiles.  Et c’était génial!

17 mars 2011

Petite virée dans le plus grand lagon du monde




Ça n’a rien à voir avec les virées shopping à Québec ou Montréal.  C’est notre sortie plongée entre filles, direction Poé.  Pas besoin d’un bien gros sac à main pour y mettre l’essentiel : une paire de palmes, masque et tuba et l’affaire est ketchup.  Deux petites heures à patauger pour faire le plein d’images et le vide dans sa tête. 




15 mars 2011

Des runnings shoes dans ma valise

Ce blog aurait dû s’appeler « gougounes, running shoes et talons hauts ».
La gougoune, ou claquette-tong-sandale,  c’est le mode de vie.  Et attention, ça n’a rien à voir avec les vacances : il y a des gars de la voirie qui travaillent en claquettes dans ce pays. 
Les talons hauts, c’est la frivolité. C’est aussi l’emblème de l’ancienne carriériste que j’étais.  Les policiers ont un badge, moi j’avais mes talons hauts et mon micro.  Autant dire que je ne les porte pas souvent ici. 
Les runnings shoes, c’est la liberté.  Les écouteurs de mon Ipod vissés sur mes oreilles, ma chienne Bouboule qui se saoûle de bonheur dès les premières enjambées et nous voilà parties. Mais avouons le, j’en arrache de plus en plus…Ça commence par une marche rapide suivie de tentatives de jogging où je traîne ma carcasse en me disant que je vais trépasser.  Je suis l’une des rares coureuses qui a atteint un plateau qui dure depuis 10 ans.  Je plafonne à 6 kilomètres et je mets au moins 45 minutes pour parcourir la distance.  L-E-N-T.  On est loin du demi-marathon…
Malgré tout, je cours.  Pas vite, mais j’avance.  C’est une métaphore de la vie : lentement mais sûrement.  C’est une fierté de pouvoir user mes runnings.  Il n’y a rien de plus fort qu’un lever de soleil sur le massif du Koniambo alors que je transpire à grosses gouttes.  Le bonheur!

Je termine sur cet autre type de chaussures: les palmes à talons hauts.  C’est mon amie Louise qui nous suggère ce nouvel article très "in".  Comme quoi, les sirènes peuvent aussi espérer être carriéristes…
            pomelo

14 mars 2011

Georges Proulx, retraité au paradis
Chéri a un frère qui connaît absolument tout le monde.  Christian est l’aîné des Champagne, originaire de la Visitation d’Yamaska, un minuscule patelin où il semble avoir fait connaissance avec la moitié du Québec.  Il nous a prouvé encore dernièrement qu’il avait des contacts partout. 
Coup de fil du beau frère qui s’est converti à Skype depuis notre arrivée ici.  Il a beau avoir 60 berges, il n’en rate pas une pour continuer à papoter avec son frangin même si on est de l’autre côté de la planète.
« Connais-tu ça Georges Proulx? Y’est en Calédonie dans une place qui s’appelle Bourail »
« Ben, Bourail, c’est à une heure d’ici », lui dit Chéri.  « On va le chercher dans le bottin de l’OPT pis on va ben finir par le trouver.  C’est qui ça? »
Comme toutes les autres personnes qui ont croisé la vie d’un certain Christian Champagne, ce Georges Proulx est très spécial. 
« C’est mon ange-gardien! », lance-t-il du fond de sa cuisine à Bécancour.
Ah ben là…On n’a pas le choix de le retrouver!
Nous l’avons contacté et moins d’une semaine plus tard, nous voilà arrivés devant sa maison, sur la route de l’église. Georges Proulx, calédonien d’adoption depuis 40 ans, n’a pas perdu son accent québécois.
Il vient de prendre sa retraite mais il n’arrête pas une minute :  il fait parfois de la suppléance au lycée, il enseigne la catéchèse et il est bénévole au sein du secours catholique.  Il a aussi un jardin luxuriant qui lui donne des fruits magnifiques : litchis, pomelos, limes. 
Il nous a accueilli avec les bras ouverts.  Sa compagne, Valélia, nous avait préparé des petites bouchées salées et un jus absolument délicieux.  On est passé là en éclaireur pour recueillir toutes ses coordonnées. 
Je compte bien y retourner.  Nous découvrirons ensemble pourquoi Georges Proulx a mis le cap sur l’Océanie pour y couler ses jours… À suivre.
Ronfler pendant le tsunami
Une catastrophe annoncée à la radio : tsunami à Sandai au Japon.  Tout s’enchaîne, la vague monstrueuse déferle.  Même l’Amérique met sa côte ouest sur les dents.  Ce n’est pas un film hollywoodien. Ça se passe tout près d'ici de notre côté du globe.  Le déferlement est à nos portes.  Autre rebondissment sinistre au scénario, il y a menace d'incident nucléaire.  La mâchoire nous tombe.
On vit les instants de ce séisme à la télé.  Les téléphones mobiles là-bas deviennent nos témoins.  L'un d'eux capte les instants de frénésie dans un bureau.  Pas de friture, tout est clair, net  et précis.  On peut même voir la sueur perler sur le front de ce col blanc japonais. 
La vague viendra-t-elle happer nos côtes en Nouvelle-Calédonie?  Princesse des îles est apparemment la seule qui a songé aux désastres naturelles :  elle me confie avoir préparé sa petite valise d’urgence avec son nounours, son mascara et sa bouteille d’eau.  Et moi?  Je dormirai en pyjama, ça me sauvera un petit 5 minutes si j’ai à sauter du lit pour fuir vers les montagnes.
On dors quand même.  J’ai presque honte d’écrire : « on dors bien ».  C’est pourtant la vérité.  Et au réveil, je me retrouve devant une boîte courriels qui a surchauffé.  Il y a bien eu une alerte au tsunami en Nouvelle-Calédonie mais elle a été levée après quelques heures.  Et nous, on roupillait comme des marmottes.  Suis-je rassurée?  Mmmmmm…….Pas sûre.

3 mars 2011

Ado poilu en crise
Vous vous souvenez de Bouboule?   Notre chienne a maintenant 5 mois.  Elle vient d’entrer dans sa phase « ado ».  Big time.
Il y a quelques semaines à peine, je faisais les courses avec mini-Bouboule,  planquée comme une pelote sur mon avant-bras.  Je me surprenais à me prendre pour Paris Hilton paradant son chihuahua décoratif sur Sunset Avenue.  Mais les filles en Manolo Blahnik sont plutôt rares ici downtown Koné…Et Bouboule a grandit à la vitesse grand V.
La voilà en pleine crise d’ado.  Jappe lorsque l’ombre du poil de la queue d’un chat apparaît dans son champ de vision.  Mordille comme un junkie en désintox quand elle est laissée seule à elle-même.  Se vautre sur mon divan avec l’insolence d’un goujat.  Bouffe comme quatre.  Court après les pneus.  Prête à tirer du poignet avec n’importe quel chien dans le quartier (y compris les gros gras qui font cinq fois sa taille).  Solution?  La laisse.
Je lui passe la laisse au coup quand on marche dans le quartier, là où les tentations la guettent.  Puis, c’est la liberté en arrivant sur le sentier de la petite colline, le château d’eau comme on l’appelle.  Elle peut courir cul par-dessus tête et rien ni personne ne peut l’arrêter.
Ou plutôt si.  Bouboule finit toujours par s’arrêter au milieu de la fête qu’elle fait aux papillons pour se tourner vers moi, avec sa grande langue pendante.   Elle me cherche du regard, quêtant un reflet dans mon regard.  Puis, contentée, elle repart  plonger dans la boue sans songer à la douche qu’elle aura à subir.  L’instant présent.  C’est exactement ce qu’elle m’enseigne au fil de nos promenades.
Merci Bouboule!

Duel d'ados: Bouboule vs Ficelle