26 juin 2012

Une pelletée d’images


Facebook nous fournit la sagesse emballée sous vide aussitôt qu'on se sent partir à la dérive.  Des petits chats enrubannés dans des boucles roses, des chiots feignant l’orgasme avec les yeux mi-clos bordés de longs cils, des bébés potelés qui parlent en paraboles dans des bulles de bande dessinée sans oublier les canards en imperméable qui ont du rouge à lèvres peint au coin de leur bec.

L’amitié est un trésor sacré à ne jamais égarer!

La mesure de l’amour c’est d’aimer sans mesure!

Ou ma préférée :

L’amitié c’est faire l’amour sans se toucher…

Ou celle-ci, avec les roses, le chat, la calligraphie et surtout, le bébé de deux mois qui se tient tout seul sur sa balançoire.  Allô les fleurs bleues, prenez vos pilules!



Au rayon philosophie de ce grand Wal Mart des phrases à deux cennes, on tend la main devant une telle surabondance et on remplit son panier à ras bord. 

J’haïs Wal Mart.  Le totalitarisme des phrases bonbons, ça me tombe sur le cœur.

Si vous en avez ras le pompom des pensées philosophiques en format twitter, j’ai pour vous une alternative.  Le genre petite boutique de jolies phrases incrustées de mots qui sonnent comme des chansons.  Il y a même une place sur les rayons pour les poèmes lumineux.

Ah!  J’oubliais le plus important : ils ont aussi le coin photos.  Des instantanés de la vie de tous les jours , vous savez, ces moments fugaces où le soleil caresse plus qu’il ne touche.  Des prés de fleurs où on a envie d’aller se rouler, un glaçon qui fond jusque sur vos lèvres et l’abandon des enfants dans l’étreinte d’un bonhomme de neige.  Et des mots pour fleurir ces gravures lumineuses, des mots qui roulent comme les cailloux dans les rivières rieuses.

Tout ça se trouve chez le docteur du bonheur, Francis Pelletier.  Entre deux consultations à sa clinique de Nicolet (ou à l’urgence du centre de santé), le médecin de famille ausculte son dictionnaire pour opérer la magie.  J’ai fait sa connaissance il y a de ça 20 ans lors d’une entrevue à ma quotidienne télé «La Vie en Mauricie».   On y présentait ses premiers calendriers poétiques.

Le réalisateur, dans mon télex :  « Qui est le premier invité? »

« Francis Pelletier, Pelleteur de nuages », dis-je dans mon micro-cravate.

« Et moi je suis le coiffeur des chauves », répond-il en riant.

Les Pelleteurs de nuages ont fait du chemin depuis :  une maison d’édition, des vêtements, un magasin de bonbons, un hôtel.  Et un blog, bordel!  
Francis, combien as-tu de clones pour réaliser tout ça?


Je vous invite à le découvrir.  Une petite bouchée pour goûter?  Voici un de mes textes préférés :


IL Y A
Il y a ceux qui naviguent,
et ceux qui comptent le faire, un jour, peut-être, si...
Il y a ceux qui prennent la mer,
et ceux qui se font prendre par leur mère.
Il y a ceux qui dérivent, aux courants et aux vents,
et ceux, sur la rive, courant sous l'auvent.
Il y a ceux qui courent toujours tous les risques,
et ceux qui en prennent, a toujours les éviter.
Il y a ceux qui ont tant à perdre,
et ceux qui perdent leur temps.
II y a ceux qui le prennent, le temps,
et ceux qui le tuent.
Il y a ceux qui voient gros,
et ceux qui n'en mènent pas large.
Il y a ceux que l’on aime détester,
Et ceux que l’on déteste aimer.



Coiffer les chauves, cuisiner des arômes, jouer au dictionnaire, réfléchir tout haut, colorier des pages web, lancer la rumeur de ses petits secrets, suivre la thérapie du rire de soi et pelleter des nuages...Il y a tant de choses à faire.   C'est bon d'avoir un exemple à suivre.  

Merci Francis ;)

25 juin 2012

Maman Colère


Je suis une mère stricte qui n’aime pas se faire pousser dans les cordes lorsque je suis dans l’arène avec mes enfants.  Je prône les bonnes manières à table.  J’ordonne en haussant un sourcil et en pinçant les lèvres.  Je claironne les ordres pendant les corvées.  Je pète un câble à l’occasion.  Je me cache pour pleurer quand je me sens dépassée. 

Et plus que tout, j’aime profondément mes enfants mais pas au point de tout leur donner. 

Ainsi, lorsqu’ils relatent les mésaventures, disputes, bousculades, et boutades déplacées dont ils font l’objet, je les écoute en leur disant qu’ils sont les seuls à pouvoir régler le problème.  Je leur apprends à dénouer cette pelote de nœuds tout seul. 

Parmi les chamailleries enfantines, il y a les flèches lancées à Princesse des îles.  Les mots lancés comme des cailloux, (Kirikou, Café noir), les affirmations gratuites (t’es pas belle, ta mère ce n’est pas ta vraie mère) et le brasse-camarade de la cour d’école.  Est-ce que j’enfile mes gants de boxe de mère outrée à chacun de ces incidents?  Non.  C’est à ma fille de s’armer pour affronter le monde tel qu’il est parfois :  bête et méchant.  Je suis le coach, je lui souffle les répliques, je lui enseigne l’humour, je lui indique comment marquer son territoire avec l’indifférence.  Un mur, ma fille, tu poses les briques et tu ériges un mur pour ne pas voir ces gens-là.

Mais là, je risque de tenir la truelle moi-même et faire tomber quelques briques dans le ciment pour l’aider à bâtir sa forteresse invincible.

Ceci n’a rien à voir avec la Nouvelle-Calédonie.  Le racisme dont ma fille est victime se retrouve malheureusement partout. 

Aujourd’hui, quelques gamins ont pris son matériel scolaire, caché sa trousse, saccagé son cahier de notes.  Mais le pire, ce sont les mots :  « Retourne en Afrique pour mourir de faim pour que je puisse pisser sur ta tombe ».

Rentre bien ton kiki mon enfant et serre le très fort entre tes jambes.  C’est la position des couillons. 

«Maman, t’es colère? », me demande-t-elle.  Les mots d’ici sont directs et francs et ma fille aime les utiliser:  maman colère.

« Non, pas colère.  Je dirais plutôt maman guerrière ».  Car voyez vous, ma fille avait peur de dénoncer les garnements.  Lorsque j’ai fait demi-tour pour aller rapporter l’incident à la vie scolaire de l’établissement, ma jolie a paniqué.  Puis elle m’a dit :  « si tu fais ça, je ne te parle plus! »

Peur des représailles, peur de passer pour un porte-panier.  Peur de faire des vagues.

Nous avons décortiqué ensemble cette horrible phrase pour mieux saisir toutes les nuances de la haine qu’elle cache.  Des mots d’une dureté incroyable , « retourne en Afrique pour mourir de faim ».  La violence d’un petit homme qui crache son désir de profaner, de « pisser sur une tombe ».    

Une expression chiffonnée autour d’une brique et lancée à la face de Méika.  C’est le nom de notre Princesse des îles :  Méika, un nom haïtien, l’emblème de son origine, 5 lettres qui résume la magnificence de son histoire.  

J’ai plaidé âprement pour dénoncer ce délit raciste, pour la convaincre que nous étions bel et bien en présence d’un jeune scélérat qui méritait une sévère sanction.  C'est ici que tu dois tracer la ligne pour te tenir debout, noire et fière, ma belle Méika. 

Elle boit mes paroles.  Je la vois qui s'éveille à la force d'une nouvelle assurance tranquille et sereine.

Je ne retournerai pas à l’école demain pour redresser les torts.  Méika a appris un nouveau mot de vocabulaire et elle va devoir le conjuguer à tous les temps:  dénoncer.  Dénoncer haut et fort cette plaie qu’est le racisme.



24 juin 2012

Talk Radio

Vous pensez que la seule façon de voyager, c’est de sauter sur un avion avec un sourire-banane et un petite valise qui roule.  Détrompez-vous.  Je prends plusieurs vols directs dans le confort de ma cuisine en écoutant….la radio.


Je zappe à qui mieux mieux :  grâce à l’application Home Radio sur mon IPod, je saute du Japon à la Californie en passant par l’Argentine et St-Pierre-et-Miquelon.  J’ai la tour de Babel au bout de mes doigts, c’est magique. La plus grande révélation, c'est la mondialisation de «True Colors» de Phil Collins, un grand classique quel que soit le pays. 

« C’est quoi ça? », me demandent les enfants, éberlués.

« C’est True Colors en serbo-croate ».  Tellement cool.

J’ai quelques stations chouchous. France Inter et ses animateurs coulés dans le moule « intellos de gauche ».   Et ça philosophe et ça angoisse et ça rit en dribblant avec des jeux de mots rusés, un micmac entre verbo-moteurs bien entraînés à polir les concepts sur tout et sur rien.  Ça m’amuse jusqu’à ce qu’ils prennent leur souffle pendant une pause musical.  La pause cra-cra avec des pièces de musique jouées sur des instruments qui semblent tout droit tombés de Pluton.  Du « zing-blouk-boing! »,  façon zizique expérimentale sur casserole électrique.  Mon dieu!  Le technicien du son est en train de faire une crise d’épilepsie sur sa console…

On zappe, zappe, zappe!

C’est comme ça que j’ai découvert une ligne ouverte sur le sexe sur Calédonie 1ère.  Entre 8 et 9 le soir, on cause cul. Voyage au pays des fantasmes de monsieur et madame Tout-le-monde.

« Je vous appelle ce soir parce que mon copain insiste pour qu’on fasse l’amour avec ma meilleure amie… »

Le bon vieux trip à trois, la question qui revient invariablement sur Radio Sexe.  Les animateurs ont vu neiger et ne se laisse pas démonter.


« Et toi, est-ce que tu te sens à l’aise de lui dire oui? ».  L’animatrice, alias «Lilou sans tabou», pose LA question qui pourrait faire dérailler le fantasme du Jules en question.

« … , euh?  Pas vraiment… ».  Barbie se réveille.  Ken va devoir trouver un autre jeu.

Une personne c’est de la compagnie, deux c’est la foule et trois c’est la réception, aurait commenté Andy Warhol.

Lilou-sans-tabou dédramatise.  Micro libre, esprit ouvert, communication sincère.  Une bouffée d’air frais dans un pays où coutumes et tradition enferment souvent les femmes dans une lourd silence.  

On ouvre les lignes et on libère la parole.  Même les hommes prennent leur courage à deux mains pour se décomplexer face aux insurmontables exploits du XXX.

« Lorsque je fume du cannabis, je n’arrive pas à avoir une érection…Est-ce que je suis normal? ». 

L’animatrice dégourdie et son panel appellent un chat un chat : " Le cana, ça fait bander mou, mieux vaut s'abstenir."  Point à la ligne.  Au suivant!

Puis, il y a eu cet appel de détresse d’une jeune femme.  Un cri soufflé au bout du fil.

« Quand mon petit ami me fait l’amour, il me fait mal.  Est-ce que c’est normal? »

Infection urinaire?  Règles douloureuses?  Maux de ventre fréquents?
La jeune femme répond non à toutes ces questions.  Sa santé est au beau fixe.

« Il me force à le faire.  Et j’ai peur de lui… »

Silence radio.  Il me semble que j’entends Lilou enfiler ses gants blancs jusqu’aux coudes pour répondre à cet appel 911. 

« Ce n’est pas normal d’être forcée.  On ne le dira jamais trop souvent à l’antenne de cette émission :  fuyez lorsque vous êtes contraints d’avoir une relation sexuelle ».  Au moment où elle lui file le numéro SOS Violence, la ligne se coupe.  Clac!  On ne saura jamais comment cette histoire finira.

Un voyage éducatif sur Radio-Sexe avec la vraie vie qui s’écrit à l'endos de la carte postale.  


Pause musicale.  Faites jouer du Phil Collins: 


You with the sad eyes
Don't be discouraged
Though I realize
It's hard to take courage,
In a world full of people
You can lose sight of it
And the darkness, inside you
Makes you feel so small

But I see your true colours
Shining through....




Je vous l'avais dit, True Colors, ça se plogue partout.  Maintenant vous comprenez pourquoi.




17 juin 2012

Avancez en avant!


Mon père s’appelle Bruno.  Bruno, un nom qui sonne comme l’éclat du soleil d’Italie.  Une mèche noire sur son front lisse, un sourire franc et un regard brun-noir, une paire d’yeux de velours dont ma sœur a hérité.



Il est beau mon papa. Mais enfant, je ne voyais pas cette beauté si ce n’est à travers les yeux de ma mère qui a toujours voué à son Bruno un amour inconditionnel.  Au lieu de me lire les grands classiques de la littérature enfantine, ma mère me racontait l’histoire du coup de foudre avec l’homme de sa vie.  Je ne me suis jamais lassée de cette anecdote narrée avec la verve habituelle de ma mère qui terminait son récit en prenant mes petites menottes dans ses mains en concluant, l’oeil humide :  « tu sauras tout de suite dans ton cœur quand ce sera le tien! »

C’est bien d’avoir un beau papa.  C’est encore mieux lorsque vous êtes le centre de son univers.  Car mon papa n’avait pas peur de s’afficher avec sa petite chétive juchée sur son bras.  Il m’a emmenée partout.  Je me souviens de quelques journées passées sur la route avec lui à ramasser les bidons de lait destinés à la fromagerie de notre village.  Mis à part dans les films, en connaissez-vous bien des papas qui se tapent une journée de boulot avec la bouille d’une gamine de 3-4 ans dans le rétroviseur? 



On arrivait chez des clients et je faisais le bouffon, fidèle à mes habitudes.  Et que faisait mon papa?  Il souriait devant mes facéties.  Il me laissait transporter un carton ou deux, pousser un bidon en chantant  «la-lala-la-lère»… Je reprenais la route, non sans avoir fait un pipi dans le petit pot qu’il traînait dans le fond de la camionnette.  Je remontais ma culotte, reprenais ma place sur la banquette et poursuivait mon bla-bla insouciant collé sur mon papa heureux.

Un jour, nous nous sommes même arrêtés dans un « pit » de sable à St-Etienne-des-Grès pour que je puisse courir à en perdre haleine dans ce canyon improvisé.  Pendant ce temps-là, mon papa remplissait des sacs à la pelle.  Il a rapporté tout un chargement pour mon carré de sable, là où je passais des heures à construire des cités excentriques.

Lorsque j’ai eu 5 ans, mon papa m’a emmenée pour la première fois au ski.  Oubliez les moniteurs et les classes de neige :  c’est lui qui s’est chargé de m’apprendre les rudiments de ce sport.  Il m’appelait sa « Nancy Green » quand je progressais bien.

On était des mordus!  Il fallait plus d’une heure de route pour se rendre à la station St-Gérard-des-Laurentides, quarante minutes quand on optait pour Les Forges. Un jour, notre belle expédition du samedi a pris des allures de casse-tête.  Son véhicule lui a joué un mauvais tour au moment du départ avec une transmission qui refusait d’obéir sur la position « R ».   Pas de reculons, comment on fait pour aller au ski?

« On y va par en avant! », a répondu mon père.  Il a ri un bon coup et on est parti comme prévu.  Le soleil était au rendez-vous.  On a enfilé descente après descente, se gardant la dernière pour traîner le plus longtemps possible. 

« Regarde moi, papa! ».  Je lui criais de se retourner et je voyais un grand sourire fendre son visage.

Cette journée-là, on a piqué un sprint jusqu’à la voiture pour retirer bottes et skis.  Puis, on a démarré et on est reparti... de l’avant. 

On en parle encore de cette mémorable sortie en ski sans "reculons".  J'écoute mon beau papa relater son exploit.  Sous ses éclats de rire, je perçois la fierté d'un homme qui a toujours mis ses enfants "en avant" sans jamais s'empêcher de poursuivre ses occupations.  Quand on est papa, il n'y a pas de reculons.

Bonne fête des pères XOXO

12 juin 2012

Enquête sur le Bonheur




Le bonheur se trouve-t-il sur un bout de plage au sable poudreux à l’ombre de deux cocotiers?  Glissez vos doigts dans ce talc, prenez une gorgée de bière bien froide (ou de rosé, ou de Shirley Temple…) et dites-moi, dites-moi quelle est l’intensité du bonheur qui vous anime à cet instant sur une échelle de 1 à 10...




10?  Evidemment!  C’est la note Nadia Comaneci dans ce cas-ci.


« Mais non, ça c’est le plaisir! », me dit Christine, prof de yoga.  J’ai fait irruption dans ma classe de peinture en claironnant à la ronde « JE FAIS UNE ENQUÊTE SUR LE BONHEUR! ».

« Il n’existe pas, le bonheur!  C’est comme un arc-en-ciel qu’on poursuit sans jamais le rattraper…Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est le Lama Guendune Rinpoché! », m’apprend Christine. 

Et moi qui partait faire une enquête…

Mais alors, qui a écrit L’Art du Bonheur?  Il me semble que c’est un certain Dalaï Lama.  N’est-ce pas le patron de l’autre, Guendune? 

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Retournons ensemble sur la plage de rêve :  j’ai choisi pour vous celle de Kuto à l’île des Pins.  Elle apparaît au Top 100 des plus belles plages du monde du guide lintern@ute voyage.  Si ce n’est pas une référence, ça!


Or donc, vous êtes là, avec un drink couleur coucher de soleil, à regarder au loin.  Il fait 32 degrés.

Et il pleut des cordes.

Ha, ha!  Éprouvez- vous du plaisir ou du bonheur? A moins que cela ne s'épèle D.É.C.E.P.T.I.O.N.?


Anna Quindlen, l'auteure d'une toute petite plaquette intitulée "A Short Guide to a Happy Life", a elle aussi tourné son regard vers l'horizon turquoise.  Elle croise un jour un sans-abri qui campe sur le boardwalk.  Lorsqu'il fait froid, il se couvre avec des journaux.  Elle finit par lui demander:  


"Mais pourquoi n'allez vous pas dans un refuge pour vous réchauffer avec une bonne soupe?


Il lui répond simplement ceci:


"Look at the view, young lady!  Look at the view!"


Simplement regarder ce qui se présente à soi, rien que ça. 


******


J'ai lancé cette question sur Facebook:  "Quels sont vos bonheurs?"


La réponse d'Alain m'a touchée.


"La chaleur et le vent sur ma peau font un contraste inexplicable (après) mes 8 mois d’hibernation.  Les yeux fermés pour cause d’éblouissement solaire…"

Quoi Alain, un courant d’air te rend heureux?
  
L'été se pointe le bout du nez et je l'imagine bien calé dans son "fauteuil rouillant", comme il l'appelle, pour goûter à la douceur de cette première brise chaude.   Alain est atteint d'un handicap au nom long comme le bras.  


Il ne fait pas qu'admirer le paysage.  Il le sent aussi. 


Look at the view and feel it...

Oubliez la citation de Walt Disney, celle qui dit « Rêve ta vie en couleur, c’est le secret du bonheur ».  Il se publie des inepties pas possibles sur le dos du bonheur mais celle-là, c’est le comble.

Moi, j’opterais plutôt pour Bouddha :  « La voie est sous nos pieds ».  Et j'y rajouterais mon petit grain de sel avec tout le respect que j'ai pour "Bienheureux": « ...et n'oublie pas de regarder où tu marches sinon tu vas te planter».

Christine a raison :  le bonheur n’existe pas.   

«Tout est à toi, déjà.  Ne cherche plus.  Ne va pas chercher dans la jungle inextricable l’éléphant qui est tranquillement à la maison.  Rien à faire.  Rien à forcer.  Rien à vouloir.  Et tout s’accomplit spontanément… »

Le Lama Guendune vient d'avoir le dernier mot sur Walt Disney.  


VOS PETITS BONHEURS SUR MA PAGE facebook

Christophe:  le bonheur le plus doux est celui qu'on partage
Annick:  prendre un verre de vin en regardant une montagne ou un coucher de soleil en bonne compagnie
Sonia:  sentir l'odeur de son enfant dans son cou en le serrant dans nos bras
Karine:  voir ma fille partir avec un beau sourire le matin
Nathalie B:  l'odeur du linge qui arrive de la corde à linge, regarder des photos en famille, entendre les oiseaux chanter
Guylaine:  prendre un café avec un chat qui ronronne blotti sur mes genoux
Nathalie G:  faire un feu en plein après-midi au chalet, écouter le silence
Alain D:  écrire pour faire rire et faire de la musique
Ginette:  être encore en amour après 34 ans
Nathalie P:  ma bulle, course et musique!
Renée-Claude:  sauter dans un lit en arrivant à l'hôtel (c'est bien elle, ça!)
Claire:  apprendre que je viens d'être mamie!
Linda:  revoir sa famille après une année d'absence
Emilie:  planter un arbre avec mon fils


NOS PETITS BONHEURS



10 juin 2012

Le cri du coeur d'une sauterelle de cocotiers



Cette étrange créature est arrivée chez moi sans crier gare.  Elle s'est étampée la tronche dans ma porte-fenêtre et semblait fureter à l'intérieur comme une vulgaire voyeuse. Elle est restée là pendant des heures, sans doute fascinée par l'arrangement des coussins sur le canapé.  J'avais envie de lui dire:  "il n'y a rien à voir, va faire frémir tes antennes dans la verdure et fais de l'air!"


Mais en y regardant de plus près, j'ai bien vu qu'elle était transie de désir.  Cette sauterelle avait besoin d'amour.  


J'ai coloré sa petite bouche pour la rendre un peu plus séduisante.  Elle s'efforce de faire le reste gaînée dans sa jolie robe verte.


Aimez-là!  Et pourquoi pas, partagez cet article avec vos amis pour leur prouver qu'il existe dans la nature d'étranges sauterelles en quête d'affection.

7 juin 2012

Les doigts de la main



Des noms de filles écrits en blanc sur un miroir :  ce sont les meilleures amies de Clopinette.  Et juste en dessous, trois lieux :  Koné, Nouméa, Québec suivis d’un cœur.  Une simplicité bouversante qui fait l'inventaire succinct des amitiés.  

Dix amies, dix complices, dix sœurs rencontrées en brousse, en ville et sur la terre natale.  Trois bouts de vie qui forment un beau poème sous lequel flotte…un poème.  Le miroitement des lettres éclatantes, la profondeur des liens. 

Clopinette n’est plus seule debout devant son miroir.  Il y a désormais une fine guirlande de prénoms qui veille sur elle.  Et lorsqu’elle se penche, les amies se tatouent sur son visage.  Forever.


5 juin 2012

Zombie, Rocco et autres monstres





Vivre au milieu du Pacifique nous préserve de certains grands dangers.  A commencer par l’attaque de zombie de Miami.  Un scénario digne d’un roman d’horreur de Stephen King.   

« Comment on ferait si on avait à se défendre contre un zombie? ».  Je pose la question à Clopinette :  nous suivons toutes les deux des cours d’auto-défense selon la discipline du Yoseikan Budo.  Notre routine pieds-poings-esquive n’est pas encore au poil, loin de là… Ce n’est pas la prise de l’ours qu’il faut peaufiner pour affronter un zombie mais plutôt le maniement du AK-47.  Dans quel monde on vit?  Je ne pourrai plus jamais dire jamais plus à mes enfants :  « je t’aime tellement que je te mangerais tout rond » sans avoir une arrière pensée pour le psychotique drogué aux sels de bain…

A l’abri de nos cocotiers, nous échappons aussi à cet autre monstre, Luka Rocco Magnotta, la star du porno recyclée en version hard de Jason dans Vendredi 13.  Comment peut-on dépecer une innocente victime, laisser des traces sanguinolentes de ce crime immonde, partir avec un morceau de cadavre entre deux paires de jeans dans une valise et rendre son itinéraire de voyage en Europe disponible au monde entier sur toutes les caméras de surveillance SANS QUE PERSONNE NE VOUS CHOPE?  Bon, vous me direz qu’on l’a finalement épinglé une semaine plus tard dans un cybercafé de Berlin…Il était tout de même en train de se faire un scrapbook avec les articles parus sur son meurtre!  Non mais je rêve?  Il passe les douanes de l’aéroport Pierre Elliot-Trudeau en t-shirt Mickey Mouse, jette un regard désinvolte vers la caméra, tout ça sans se soucier des flics…et file vers Paris très vu et très connu…Il avait un passeport ou une bande dessinée avec les positions du Kama Sutra pour mystifier les douaniers?  Et dire que nous prenons l’avion habillé en famille ordinaire avec une lettre passée date sur la validité de nos permis de séjour en Calédonie (et une autre assurant que tout baigne…) et c’est tout juste si la CIA ne vient pas pas nous passer les menottes.

Dernier danger auquel nous échappons :   les manifs.   Remarquez, il y en a quelques-unes que je trouvais festives :  celles avec les pandas, l’autre avec les gars qui faisaient rouler leur 6-packs à moitié nus (et les filles qui défiaient la loi de la gravité avec des seins, ma foi…fort rebondis), et les concerts de casseroles.  Mais le fond de l’air n’est pas bon.  « On s’en va vers la guerre civile! », m’a dit ma mère avec sa moitié de face sur skype.  « Mais non, maman, c’est juste Jean Charest qui va manger ses bas aux prochaines élections…Il ne faut pas que tu t’inquiètes, ça va s’arranger! »  . 

Mais ne jouons pas à l'autruche.  Il y a tout de même quelques monstres tapis dans l’ombre des fougères arborescentes de la Calédonie.  J’en ai vu un se faufiler en direction de notre cuisine la semaine dernière.  Une maudite souris!  C’est viscéral, je lâche toujours un cri de mort.  Ou plutôt de zombie.   Ahhhhhh!  Une souriiiiiiiiiis! 
Et les cousins n’ont pas tardé à se pointer sur la terrasse :  un beau gros rat.  Un instant!   Rien à voir avec les zombies ou Rocco...Je dois cependant vous dire que je Stephen King ferait ses choux gras avec un spécimen de même…

Mon jardin est devenu Borat Borat….J’ai fait venir l’exterminateur et au lieu de mettre des mines anti-personnels…il a posé des trappes.  Hon!  Cute!  Des trappes pour attraper le méchant rat?  Qui sait si le gros ne va pas enfiler un t-shirt de Mickey Mouse et faire un doigt d’honneur en se poussant sous mon lit?

J’ai vraiment peur!



3 juin 2012

L'autoroute du plaisir



J’ai une autoroute de joggeurs qui passe devant chez moi.  La promenade Pierre Vernier vient ceindre la baie Ste-Marie jusqu’au Ouen Toro – une petite colline qui est en fait un vaste terrain de jeu avec son dénivelé de 128 mètres. 

Le tout Nouméa vient y trotter :  des coureurs aux fesses de fer bien rebondies, des enfants accrochés aux baskets de leurs parents, des madames qui piquent une jasette en prenant une petite marche santé, des jeunes mamans qui suent accrochées  derrière des poussettes aussi aérodynamiques qu’une navette de la NASA, des adolescentes bardées de lycras fluos et d’étonnantes personnes âgées qui courent en rebondissant comme des jeunesses. 

C’est une faune qui n’arrête jamais.  Les premiers coureurs foulent la promenade vers 5 heures et demi du matin.  Ça défile en grappes jusqu’à 8 ou 9 heures et puis, la promenade devient presque déserte, écrasée sous le soleil.   

Le grand trafic reprend en fin de journée,  une véritable ruée aérobique sous les cocotiers.  Je repousse l’heure de l’apéro, enfile mes chaussures fanées et je mets mon clignotant pour fendre moi aussi la circulation.  J’ai parfois une de mes grandes filles à mes côtés.  J’irradie à ces moments en admirant mes chéries aux enjambées musclées. 

Le jour tombe vite et l’énergie remonte.  En buvant un grand verre d’eau face à la fenêtre, je ne me lasse pas de regarder les nocturnes qui viennent se doper aux endorphines.  C’est une drogue dure dont le plaisir croît avec l’usage.