17 oct. 2012

Où sont mes CLÉS, "?%$(!Ö* !!!



Il y a trois mots tabous chez nous : CLÉS . DE . CHAR. 

Je traduis pour mes amis français : ZE / CLES / DE LA / BAGNOLE. 

J’ai un sac à main grand comme un garage double où je planque l’essentiel : mon porte-monnaie, mon chéquier, mes lunettes , mon rouge à lèvres et mes clés de char.   Total Fen shui.  Si j’avais un chihuahua là-dedans, il se sentirait esseulé. 

Allez savoir pourquoi, je parviens tout de même à ne pas retrouver mon trousseau dans ce fatras minimaliste.  J’ai beau racler le fond de mon sac, rien.  Houdini lui-même deviendrait gaga.  Comment peut-on faire disparaître des clés dans un si grand sac qui ne comporte aucun double-fond?

Rien dans les poches, rien dans les manches.  Mes clés se téléportent.  Où?  C’est là que le plaisir sadique commence.

L’autre jour, je me gare au centre-ville, place des Cocotiers.  Ça ne s’invente pas, il y a une place des Cocotiers à Nouméa.  Je vis dans un pays exotique.

Je me souviens du ding-gue-ling! des clés qui tombent au fond de ma sacoche XXL.  J’enregistre, j’imprime, je prends une photo.  Elles sont là.

Enfin, c’est le souvenir que j’en ai.

Je vais chez la gynéco, je dévalise une boutique avec ma fille, j’enfile rue de l’Alma et je vais faire quelques essayages à la friperie de Victoria.  90 minutes et 100 dollars plus tard, on décide qu’il est temps de rentrer.  Confiante, je plonge la main dans mon sac à main.  Et là, RIEN.   
J’ai beau fermer les yeux pour m'immerger dans de vagues réminiscences, pas d’images, zéro mental.

J’atteins un état proche de l’attaque de panique jusqu'à ce que l’éclair surgisse :  je fonce vers ZE BAGNOLE et elles sont là.  Les clés sont dans le contact.  Et les portes ne sont pas verrouillées.  Sûrement, vous pensez :  "Bingo, c’est la reine des fêlées! "  Vous n’avez pas tort, c’est con de laisser son char place des Cocotiers avec les clés dedans.  Mais ça prouve qu’un KIA qui affiche 60 mille kilomètres au compteur n’est pas aussi tentant qu’une BMW avec un IPhone 5 sur la banquette…

Chaque fois que je m’enfonce dans un épisode angoissant, je relis les consignes lénifiantes de la compagnie Auto LockSmith Services écrites dans un franglais très clair :

« Lorsque vous êtes dehors et environ sur votre routine quotidienne, il est la loi de Murphy, selon laquelle tout ce qui peut aller mal, ira mal. »

Mais comme le dit LockSmith, je ne finis jamais en lockout de ma voiture.  En ce qui me concerne, je back track sur ma routine et je retrouve le bonheur, en l’occurrence, mon set de car keys. 

Respiration.  Introspection.  Remonter le fil de ses petites folies quotidiennes sans sombrer dans l’hystérie.  Et trouver.  Ce n’est pas un hasard s’il y a une tête de Bouddha qui orne mon set de clés de char.  Pas de mauvais karma avec Bouddha.  

Juste un long labyrinthe vers la case départ.  Arrêter le temps pour tourner en rond.  Un plaisir qui peut durer longtemps longtemps...

9 oct. 2012

Dégonflées, les quetouches…

http://www.brogol.fr/dessin/des-seins-le-retour/


Je rêve à mes seins.  Moelleux et lourdeaux, frémissants sous le satiné d’une robe d’été, presqu’au garde-à-vous.  Des « girls » coquines qui se hérissent à la moindre brise.  Dans mes  songes, ils ne sont pas en soie fripée, sensibles, tatoués d’ecchymoses là où j’ai eu les biopsies.  J’ai des seins de rêve, des attributs dignes de Marylin, plus grands que nature.  Ils prennent toute la place, ils annoncent mon arrivée et font regretter mon départ.  Un mirage voluptueux.  Mes seins de jadis, ceux qui nourrissaient mon fils, retroussés par une menotte autoritaire.  Une petite giclée sur la joue de mon époux qui tournait comme un loup dans la bergerie.   Dans mes rêves, je les pose au creux de mes mains et j’épie la vie qui s’y trouve.  Dans la vraie vie, je les pose au creux de mes mains pour les soustraire à la loi de la gravité.

S’ils pouvaient parler…Mes seins vous réciteraient mes extases.  En crescendo, en decrescendo, les explosives et les petites ordinaires du quotidien.  Y a-t-il une autre partie du corps qui soit aussi festive, parée (et parfois déguisée!) ou merveilleusement dénudée?  Les yeux observent, le nez hume, les mains s’accrochent et les seins…Les seins règnent.

« Il faudrait donner la parole à nos seins lorsqu’on a le cancer! », me disait une amie l’an dernier.  Elle avait fait le deuil de sa poitrine quelques mois plus tôt après une mastectomie complète.  Ablation ou pas, on a toujours des seins entre les deux oreilles.  On fait « comme si » avec des prothèses, des bourrures, des bombés et du rebondi.  Cette amie avait finalement accepté de sangler son poitrail avec un soutien-gorge factice.  Un lifting dans le t-shirt, ça rend de bonne humeur.

« Touche, ils sont pas durs du tout », dit-elle en m’invitant à poser mes mains sur ses bonnets « B ».  Mais à son sourire, c’était du triple D de bonheur. 
Je tâte et ma foi, c’est vraiment comme dans mon rêve :  ferme et moelleux.  Ma belle amie, une grande blonde qui me toise d’une bonne tête, arrive à oublier le big « C », le cancer.  Et moi, j’oublie que je la pelote en plein après-midi,  dehors,  à la vue de tous les voisins.  Et nous éclatons en riant.

En attendant la chirurgie, il m’arrive de perdre mon sourire.  Si le plan de match va comme prévu, je conserve mon sein gauche, celui où se trouve la tumeur.  J’aurai la paire au réveil.  L’un d’eux sera cependant balafré mais malgré tout souverain. 

Elles n’étaient pas si mal, mes quetouches.  Avec juste ce qu’il faut de flétrissement pour attendrir mon amant vieillissant.  Je ne leur en voulais pas de baisser pavillon.  Je n’ai même jamais pensé les soumettre à la torture d’implants ou d’un redrapage.  Un décolleté plongeant?  Le débat ne durait jamais bien longtemps…Je prenais encore mon pied en les habillant de dentelle.    Mais cette belle insouciance est désormais chose du passé.  Mon regard change parce que mes seins m’ont trahie.  D’innocentes mamelles où se tapie dorénavant Alien, un prédateur que je ne dois pas sous-estimer.  Oubliez les affriolants Lejaby, il faut plutôt sortir la matraque.

Ce n’est  pas mon genre de finir avec des allusions violentes.   Ma mère m’a donné une minuscule croix incrustée de pierres roses.  Je la laisse pendre au bord de mon décolleté abyssal.  Abyssal dans mes rêves.   Regardez-moi dans les yeux, comme le disait Chantal Chantal Toupin.  Je suis une femme.  Je ne suis pas malade.  

4 oct. 2012

Dr Doolittle sur l’acide

Aussitôt que vous mettez les pieds en Australie, difficile de ne pas céder à l’envie d’admirer les animaux emblèmes de ce grand pays :  dingos, kangourous, crocodiles et koalas.  Vous avez l’appareil photo au bout du bras, prêt à débusquer votre première peluche dans les branches odorantes d’eucalyptus.  Mais chercher un koala juché dans un arbre faisant la sieste pendant vingt heures, c’est comme tenter de tomber sur un républicain mormon dans un bar de danseuses. Il faut savoir que le koala et le républicain se fondent dans la nature.



Kangourous?  Il y en a... Mais cœurs sensibles accrochez-vous :  le cousin de Skippy n’a souvent pas de bol et il se retrouve les quatre fers en l’air le long de la route.  En combinant Brisbane et la Sunshine Coast, on arrive à un total de 2 millions et demi d’habitants sur cette portion de côte.  Pas étonnant que les kangourous se sentent un peu à l’étroit sur le territoire et finissent en crêpes sur l’accotement des axes routiers.

Quant aux crocodiles, j’estime qu’il est préférable de les admirer sur un panneau signalétique lorsqu’ils crapahutent en liberté dans la nature.  Quoique…Après réflexion, ils sont beaucoup plus mignons dans une rivière brune du Queensland que déguisés en sac à main Gucci dans une vitrine d’une chic boutique de St-Petersbourg…



Nous aurions pu opter pour la Tasmanie et le désert australien, là où ces espèces pullulent mais nous avions pris le forfait asphalte et plages bondées.  Solution? Mettre le cap sur un zoo mais pas n’importe lequel :  le zoo de Steve Irwin, le Crocodile Hunter de la populaire série diffusée dans 130 pays.



Premier choc :  le prix de l’attraction.  250 dollars australien pour une famille de 5 avec trop d’enfants qui ont plus de 12 ans.  Deuxième choc :  la douche d’amour!  Traitez-moi de cul-cul la praline, mais il y a un culte encore vibrant pour  l’animateur-aventurier survolté avec son accent qui claque avec des CRIKEY!  en guise de ponctuation.   Un zoo créé par ses parents alors qu’il n’avait que 8 ans.  C’est cet endroit qui a insufflé à cet enfant la passion du féroce et du dangereux.  Comment peut-il en être autrement lorsque votre animal de compagnie est un python de 4 mètres de long et que votre passe-temps consiste à nourrir les crocodiles? 

J’ai eu l’impression de visiter une belle grande famille.  Des oiseaux géants volaient au dessus de ma tête, les koalas se sont réveillés pour le câlin dans leur fourrure touffue comme un shaggy et les crocodiles ont balancé leur regard froid pour impressionner la galerie.  J’ai aussi été généreusement arrosée par un éléphant qui avait la trompe bien baveuse lorsqu’il a attrapé les trois courgettes qui je lui ai tendu.  Du bonheur.



Australia Zoo :  8/10