Une main dans les cheveux,
l’autre glissée dans la poche, Miou Miou semble s’être glissée hors de l’écran
géant qui lui sert de rideau de scène derrière elle. L’actrice française a passé un petit quart
d’heure avec les cinéphiles du festival du cinéma de la Foa, dans une salle de
Nouméa. Elle s’était prêtée à l’exercice
deux jours plus tôt à l’ouverture de l’événement cinématographique en brousse. Un pull léger sur son jeans, elle fripe une
mèche en nous avouant qu’elle serait bien restée dans son lit à l’hôtel : «C’est à l’arrache à cette heure! » En effet, il est déjà onze heure moins quart
et le générique défile encore sur ce beau classique poétique qu’est La
Lectrice de Michel Deville.
Une question timide du public et la voilà déjà réveillée,
l’ingénue aux fesses à l’air. Elle rit en
se remémorant la scène où Patrick Chesnais, dans son peignoir de PDG, se retrouve le nez sur ses miches rondes. C’est là qu’il finit par poser le livre afin
de le dévorer. Lubrique? Plutôt comique lorsque le comédien lui confie
entre deux prises : «Et dire que
j’ai raconté à mes enfants que j’allais travailler!» Et la belle de s’esclaffer en secouant ses
tifs devant le parterre de spectateurs du Cinécity.
Les questions déboulent et les anecdotes se savourent. La si jolie coupe de cheveux de Marie? Un accident capillaire. Si La Lectrice a les cheveux courts,
c’est que Miou Miou s’était cramée la tête avant le tournage. La coupe a fait mouche and the
rest, as they say, is history…
Le film avait décroché le grand prix des Amériques au
festival des films du monde de Montréal en 1988. Celle qui l’avait aimé plus que tout, nous
dit Miou Miou, c’est son amie Clémence Desrochers. Clémence y a vu l’essence de son père, le
grand poète Alfred DesRochers. Un
hommage aux écrits qui est allé droit au cœur de l’humoriste du Lac
Memphrémagog.
Onze heure et quart.
Les questions fusent. Qu’est-ce
qui fait la beauté de ce film? Comment
expliquer son fulgurant succès? Ahh,
c’est un film sur l’imaginaire, un film français plein de mots charmants, un film dont l'action est campé dans
une jolie ville de province, Arles. Et
un film avec du cul…oh! pardonnez moi, avec de la sensualité…Miou Miou est un
panier percé, on peut voir le jour tellement c’est transparent tout au fond
d’elle. Pas de faux-semblants. Elle dit : «Je ne sais pas». Elle répète : «C’est comme ça, je ne
suis qu’une actrice. Puis elle ajoute : «J’irais bien me coucher».
Le quart d’heure passe et déjà elle en grignote un autre
juste pour raconter l’inoubliable partie de plaisir lors du tournage de Milou
en Mai. Des acteurs "superbes" dans un endroit "magnifique". "On buvait tout le temps", marque-t-elle pour donner la pleine mesure de ce tournage qui avait toutes les allures d'un festival. "C’était génial!" Ils étaient frappadingues ces comédiens, essayant de deviner ce qu’il pouvait bien y avoir dans leur cocktail
inventé. On nommait un alcool ou deux et
au troisième, on avait déjà oublié le début de la recette.
Miou Miou fait danser sa crinière de soie, incrédule en
songeant au temps qui passe. «La
Lectrice? En 1988?» Et oui Miou, Miou, ça va faire bientôt 25
ans. Toi et moi, dirais-tu qu’on n’a
presque pas attrapé la patte d’oie?
Le public lui concède finalement une pause. Allez, il se fait tard et demain, tu dois abattre du boulot,
tu es présidente d’un jury après tout. Il
y a une demi heure, Miou Miou se glissait hors de l’écran géant. Elle ira bientôt se glisser entre les
draps. Elle repart en rebobinant sa
mèche rebelle sur son doigt, sourire aux lèvres, déjà prête à faire de très
beaux rêves.
Bonne nuit, Miou Miou.