Flic, FLAQUE!
Dormir à Koné, c’est un peu comme roupiller au camping du Mont Ham-sud en Estrie : le silence nous enveloppe pour finir par laisser filtrer les quelques piaillements matinaux des oiseaux. À moins bien sûr qu’on ne se fasse arroser par une grosse averse…Alors là, c’est comme une douche sur le toit en tôle. Ça tape-tape-tape. Rien de menaçant, juste une autre sorte de ronron comme un bruit de fond qui finit par nous hypnotiser jusqu’à ce qu’on s’évanouisse à nouveau dans les bras de Morphée.
C’est comme ça que je me suis rendormie samedi soir dernier. Il pleuvait dru. C’était pas des cordes, c’était des troncs qui tombaient. SHHHHHHHH!!!!!!!
Dimanche matin, on se lève sous un soleil pétant, le ciel lavé de toutes traces de nuages. Mon sourire s’est coincé lorsque j'ai mis le gros orteil dans une flaque d’eau au beau milieu du salon. Eh, merdouille! L’eau s’infiltre dans la maison!
Je me suis mise en colère avec cette flaque boueuse. Pourquoi? Moi qui suis pourtant entré en mode zen-vitesse-slow, j’avais envie de rouler le journal en boulettes pour le lancer contre les murs, histoire de me défouler. J’ai sorti la « moppe » et j’ai fait disparaître le dégât en égrenant quelques jurons qui ont sans doute fait sourire dans sa tombe le cinéaste Falardeau, cet éternel mal engueulé.
Puis, revenue sur terre, je me suis posée cette question : pourquoi se mettre dans un tel état?
Nous avons posé nos dix valises dans cette maison à la mi-octobre. D’ici quelques semaines, le container arrivera avec le reste de nos possessions. On vit dans ce grand F-5 au milieu de tout ce qui constitue notre identité. Les meubles, les tableaux, les vieux albums photos, les chaises bistro chinées chez l’antiquaire Lacombe, les piles de vieilles revues de déco et une boîte de livres. Bien sûr, cette collection hétéroclites va s’enrichir d’objets dénichés ici au fil de nos promenades et de nos coups de cœur. Mais il n’en reste pas moins qu’on vit dans cette grande maison comme dans un refuge pour retrouver un peu de notre vie d’avant. Dès qu’on met le pied hors de cette demeure, on redevient des touristes. Des expatriés qui essaient de se fondre dans le paysage de la province Nord.
Ici, entre ces murs, je retrouve mon accent québécois, les bonnes odeurs de ma cuisine et oui, je l’admets, l’écho un peu macho des jurons que je ne me lasse pas de laisser claquer à l’occasion. Pas de flaques d’eau dans cet espace si jalousement délimité par mes trucs et mes tics.
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La pelle mécanique est arrivé mercredi matin. Les travailleurs vont creuser une tranchée tout autour de la maison pour favoriser le drainage. Adieu mon gazon embryonnaire! C’est le prix à payer si je veux retrouver mon beau sourire.
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