Anse Vata |
Ham-sud |
Dites « Québec » à un français et la machine à rêves s’emballe.
J’ai tenté l’expérience avec une vendeuse de la librairie l’As
de Trèfle de Nouméa.
« Québec! », ai-je négligemment laissé glissé de
façon très subliminale dans une conversation sur la pluie et le beau
temps. En fait, sur le beau temps parce
qu’il fait toujours beau ici.
Et paf! La voilà avec
les yeux grands comme des cartes postales version panoramique où apparaissent
les Rocheuses, les chutes Niagara et le château Frontenac. Elle s’imagine déjà, parée d’un couvre-chef
en poil et en peau, fouettant sa horde de chiens de traineau qui la tirent
jusqu’à sa cabane en bois rond sur fond d’aurores boréales. À la seule
évocation de la patrie canadienne, ce fantasme-flash a illuminé le fond de sa
pupille.
« C’est si beau le Canada! Je rêve d’y aller pendant l’été des indiens… »,
me dit-elle, partagée entre le mysticisme et le rêve.
Je souris, béate devant sa soif de découvrir la sauvagerie d’un
pays qui ronge la moitié d’un continent.
L’été des indiens… La douceur sucrée d’une saison qui finalement n’est
qu’une conjoncture : un relent de
grandes chaleurs, la croisée de vents favorables, un ciel bleu sainte-vierge où
les nuages sont floconneux et jamais menaçants.
Une aquarelle, celle dans la chanson de Joe Dassin. Il ne manque que les licornes pour compléter
ce tableau chimérique.
« Je voulais aussi aller travailler là-bas », me
dit-elle avec un rire gêné.
L’été des indiens à longueur d’année. J’aime ce concept.
« Mais vous savez », poursuit sur la lancée des
confidences, « on m’a dit que les travailleurs n’avaient que DEUX SEMAINES
DE VACANCES PAR ANNÉE… ». La voilà presqu’en train de défaillir devant
une telle perspective. Deux misérables
semaines. Et imaginez si ça tombe en
plein février…La guigne! Ou pire encore : le boulet des deux dernières de juillet parce
que le chantier FERME! Ahhhh!….Tout le
monde à Old Orchard en même temps.
« En France, tous les travailleurs ont
droit à un mois! », m’explique-t-elle comme une académicienne.
Si seulement le canada avait opté pour la devise des français : liberté, égalité, fraternité et UN MOIS DE
VACANCES!
Un mois, c’est bien plus long que l’été des indiens…
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