Princesse des îles se tient debout dans l’allée d’épicerie
et convoite les appendices de plastique noir griffés d’une tête de mort.
« Non, pas de faux ongles », lui dis-je.
« Mais tu dis toujours non! »
Depuis que je suis à Nouméa, c’est vrai que je dis souvent
non. Non aux faux ongles, non au bikini
Billabong à 80 dollars, non aux Nutella à 15 dollars le pot, non aux sorties
resto sur un coup de tête, non à ceci, non à cela.
L’autre jour, Chéri et moi avons même tranché: non à la voiturette pour nos deux ados. Nous avons décidé de ne pas surfer sur la
vague des minicitadines, ces véhicules conçus pour les apprentis conducteurs de 15 à 19
ans. Il en pleut à Nouméa! Des petites bagnoles rutilantes qui se faufilent
partout avec une vitesse de pointe de 60 km/hr. Bien qu’inflexibles sur la question, nous
nous sommes tout de même rendus chez le concessionnaire avant de poser notre
véto. Le vendeur était pourtant très
convaincant : avec des adolescents
au volant d’une voiturette, fini les tracas pour aller et venir entre la maison
et le lycée.
« Et ce véhicule est très sécuritaire. Il a passé haut la main tous les tests de collision», me dit-il
en me montrant le squelette en aluminium de la voiturette. Moi, ça me fait vaguement penser à l’armature
d’une tente prospecteur. Solide mais
quand même fragile aux intempéries.
« Combien pour la batmobile miniature? », osé-je
demander.
Le modèle de base :
11 milles.
Ouille. À ce prix-là,
je pourrais avoir une Toyota Corolla d’occasion.
Et la question-bonus qui tue : combien pour assurer deux adolescents ivres
de liberté au volant d’une voiturette dernier cri?
1500 bâtons par année.
« Merci, nous allons réfléchir ». Chéri et moi décochons nos sourires mielleux
en lui serrant la main. Une fois sur le
trottoir, on se regarde et on dit en même temps :
« Non! »
Les Flingstone vont devoir marcher pour avancer. Ou alors, nos adolescents ont une option qui a l’avantage d’être économique et pratique : prendre le bus.
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