Mon père s’appelle Bruno.
Bruno, un nom qui sonne comme l’éclat du soleil d’Italie. Une mèche noire sur son front lisse, un
sourire franc et un regard brun-noir, une paire d’yeux de velours dont ma sœur a
hérité.
Il est beau mon papa. Mais enfant, je ne voyais pas cette
beauté si ce n’est à travers les yeux de ma mère qui a toujours voué à son Bruno
un amour inconditionnel. Au lieu de me
lire les grands classiques de la littérature enfantine, ma mère me racontait l’histoire
du coup de foudre avec l’homme de sa vie.
Je ne me suis jamais lassée de cette anecdote narrée avec la verve
habituelle de ma mère qui terminait son récit en prenant mes petites menottes
dans ses mains en concluant, l’oeil humide : « tu sauras tout de suite dans ton cœur quand
ce sera le tien! »
C’est bien d’avoir un beau papa. C’est encore mieux lorsque vous êtes le
centre de son univers. Car mon papa n’avait
pas peur de s’afficher avec sa petite chétive juchée sur son bras. Il m’a emmenée partout. Je me souviens de quelques journées passées
sur la route avec lui à ramasser les bidons de lait destinés à la fromagerie de
notre village. Mis à part dans les films, en
connaissez-vous bien des papas qui se tapent une journée de boulot avec la
bouille d’une gamine de 3-4 ans dans le rétroviseur?
On arrivait chez des clients et je
faisais le bouffon, fidèle à mes habitudes. Et que faisait mon papa? Il souriait devant mes facéties. Il me laissait transporter un carton ou deux,
pousser un bidon en chantant «la-lala-la-lère»… Je reprenais la
route, non sans avoir fait un pipi dans le petit pot qu’il traînait dans le
fond de la camionnette. Je remontais ma
culotte, reprenais ma place sur la banquette et poursuivait mon bla-bla
insouciant collé sur mon papa heureux.
Un jour, nous nous sommes même
arrêtés dans un « pit » de sable à St-Etienne-des-Grès pour que je
puisse courir à en perdre haleine dans ce canyon improvisé. Pendant ce temps-là, mon papa remplissait des
sacs à la pelle. Il a rapporté tout un
chargement pour mon carré de sable, là où je passais des heures à construire
des cités excentriques.
Lorsque j’ai eu 5 ans, mon papa m’a
emmenée pour la première fois au ski.
Oubliez les moniteurs et les classes de neige : c’est lui qui s’est chargé de m’apprendre les
rudiments de ce sport. Il m’appelait sa « Nancy
Green » quand je progressais bien.
On était des mordus! Il fallait plus d’une heure de route pour se
rendre à la station St-Gérard-des-Laurentides, quarante minutes quand on optait
pour Les Forges. Un jour, notre belle expédition du samedi a pris des allures
de casse-tête. Son véhicule lui a joué
un mauvais tour au moment du départ avec une transmission qui refusait d’obéir
sur la position « R ». Pas de
reculons, comment on fait pour aller au ski?
« On y va par en avant! »,
a répondu mon père. Il a ri un bon coup et
on est parti comme prévu. Le soleil
était au rendez-vous. On a enfilé
descente après descente, se gardant la dernière pour traîner le plus longtemps
possible.
« Regarde moi, papa! ». Je lui criais de se retourner et je voyais un
grand sourire fendre son visage.
Cette journée-là, on a piqué un
sprint jusqu’à la voiture pour retirer bottes et skis. Puis, on a démarré et on est reparti... de l’avant.
On en parle encore de cette mémorable sortie en ski sans "reculons". J'écoute mon beau papa relater son exploit. Sous ses éclats de rire, je perçois la fierté d'un homme qui a toujours mis ses enfants "en avant" sans jamais s'empêcher de poursuivre ses occupations. Quand on est papa, il n'y a pas de reculons.
Bonne fête des pères XOXO
2 commentaires:
Salut Chantal!
Ta mère m'a mis sur la piste de ton blog hier. Je te savais remplie de talent pour juger, parler, communiquer mais pour écrire, je ne savais pas encore!!!
Et quel beau texte sur ton papa: j'imagine que Bruno ne doit pas le lire sans quelqu'humidité dans l'oeil. tes parents forment vraiment un beau couple. Et toi, au loin la-bas, j'espère que tu vis avec les tiens une belle tranche de vie. Je t'envoie une belle bise de Bécancour. Au plaisir de te revoir.
JG Dubois
Bonjour Monsieur le maire!
contente de vous distraire avec nos aventures en Calédonie.
J'ai des parents qui sont extraordinaires. D'autres billets "spécial souvenirs d'enfance" sont à venir.
au plaisir!
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