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Dans mon cas, la question ne se pose même pas, c’est ma
mère.
« On va aller te chercher un fauteuil roulant… »,
insiste-t-elle.
Mom! Je roule les
yeux en l’air et je prends mon air buté d’enfant de 4 ans. Pas le fauteuil roulant! Et puis quoi encore? Tu vas me moucher avec la manche de ton
chandail et me nettoyer le bord de la bouche avec ta salive? Le simple mot "non" n’atteint pas
à ses oreilles. C’est comme si je lui
disais « sacre moi patience » en mandarin.
Préposé? Apportez la
chaise roulante. Au concours de l’entêtement,
c’est ma mère qui gagne haut la main.
Elle me fait asseoir dans le fauteuil, fière d’avoir dompté
la bête. Même au bout d’une journée de
treize heures à l’hôpital, ma mère est capable de pousser avec l’assurance d’un
conducteur de F-1 et savourer son triomphe.
Le croirez-vous, en septembre dernier j’ai jonglé avec l’idée
de ne pas dire à ma mère que j’avais le cancer.
C’est une idée folle qui m’a traversé l’esprit. Un peu débile, non?
La force surhumaine des mères est un mythe. Même Dieu peut être infaillible avec certains
dossiers. Pourquoi pas ma mère?
C’est ancrée dans leur gêne, cette douleur sourde lorsque
leur enfant a mal. Je voulais simplement
lui éviter ce sentier vertigineux. Je vous avoue que ma mère a beaucoup donné
dans ce département. Je suis née avec
une malformation congénitale rare, une ectopie rénale, et j’ai vu ma mère littéralement
souffrir à ma place. Avez-vous déjà vu
un clown rire et pleurer en même temps?
Ma mère faisait tout ça pour me rassurer malgré son impuissance. Elle a soufflé sur mes bobos avec une douceur
infinie jusqu’à me faire oublier la brûlante souffrance des infections
urinaires à répétition. Elle m’a couvée
soir et matin pendant un mois d’hospitalisation. Une fois guérie, du haut de mes presque
quatre ans, j’ai décidé que je n’allais plus jamais être malade pour ne pas
inquiéter ma belle maman d’amour.
Au lieu de ça, je l’ai fait damnée…J’ai fait les 400
coups. J’ai dansé sur la table du salon
en écoutant Donald Lautrec Show, fait des fugues dans le bois, caché des chiots
sous mon chandail, lancé des cailloux au voisin, bardassé ma petite sœur, fumé
en cachette. Regarde maman, je ne suis
pas malade, je suis en vie.
Pauvre maman! Encore
obligée de souffrir cette peste aujourd’hui devenue une femme de 48
ans.
mom et sa petite-fille |
Pas moyen de faire une fugue quand on a un cancer, même pour
se cacher de sa mère. Au lieu de faire l’enfant,
je devrais grandir un peu et souffler à mon tour ces mots si simples qui font
disparaître la souffrance.
Merci maman. Je t’aime
très fort.
1 commentaire:
Bonjour Chantal, c'est avec beaucoup d'émotion que j'ai lu ton dernier article.
On ne se connait pas, mais je lis tes aventures depuis quelques temps déjà, au delà d'une année.
Alors j'ai l'impression de te connaître un peu à travers tes aventures.
Tu es une femme formidable et pleine de vie.
Je t'envoie toutes les ondes positives possibles et je pense fort à toi et à tes proches.
Amicalement,
Emilie
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