« Dans deux ou trois semaines, ne soyez pas surprise,
vous allez perdre vos cheveux », m’a dit mon flamboyant hémato-oncologue,
le Dr. C. Cet homme tourne les coins du
corridor en semant des paillettes dans son sillage. Plus grand que nature. Un top spécialiste avec ses gentilles blagues
qu’il claque avec l’agilité d’une star de cinéma.
« Vos cheveux pourraient repousser frisée. Quand on vous demandera qui est votre coiffeur, vous direz que c’est Dr. C. ! » me dit-il en me flashant un clin d’œil complice.
Mais avant que ça repousse dans le style brousse en folie, j’aurais
le crâne lisse comme la patinoire du centre Bell. La solution « foulard-tuque-ti*casse-perruque »
me donne de l’urticaire. J’ai peur d’avoir
l’air de Aunt Jemima, version blanche. Ou
de Môman dans la Petite Vie. Ou pire
encore, d’un clone de Boy Georges avec des foulards bariolées sur des tresses
en nylon collées sous un chapeau en feutre.
Les images défilent et je ne peux m’imaginer avec le look boule de
billard.
Tant qu’à exposer autant de peau, j’opterai pour un dessin au
henné, genre pot de fleurs. Mais un
bouquet tout le tour de la tête, ça ne procure pas l’efficacité énergétique d’une
tuque en janvier.
« Tu devrais aller te chercher une belle perruque à la
Fondation canadienne du cancer », me suggère une jeune fille à foulard
pendant ma première séance de chimiothérapie.
J’aime l’ambiance salle paroissiale du département d’oncologie : on jase avec les voisins de tout et de rien. Les infirmières et les autres patients lancent
eux aussi leur campagne pro-perruque et finissent par effacer mes craintes de
ressembler à une fanfreluche à boudins.
Le lendemain matin, je frappe à la porte de la Société
canadienne du cancer avec mon mari à mon bras.
L’homme de ma vie va se payer un grand fantasme: voir sa femme
en blonde, brune, noire, rousse. Tout ça
pour un dépôt de 20 dollars. Un
re-looking complet pour le prix d’une bouteille de vin, c’est vraiment une
aubaine!
« Wow! Tu es
vraiment belle! », siffle-t-il en prenant des photos.
Bon, j’ai presque hâte de me faire raser le crâne en voyant
l’effet bœuf de la perruque.
Je suis prête. Ce
sera l’automne bientôt, mes cheveux vont tomber dans deux ou trois semaines. Mais le moral mon moral reste bien accroché.
Merci à Sylvie pour sa grande patience.
1 commentaire:
Merci encore pour tes mots d'humour. Tu me donne le goût d'aller m'en chercher une. j'ai l'intention d'essayer le fameux casque réfrigérant mais avec une perruque, le brushing serait déjà fait :)
Encore bonne chance.
Jojo
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