avant... |
Vintage, hipster, boho-chic, de jolis mots pour remettre en
service les débris antiques amassés au fil des années.
Un coup de pinceau et beaucoup d’amour, ça ne prend pas grand-chose
pour déterrer le coquet sous le vieux vernis.
Fastoche, comme dirait Princesse des îles. Sauf quand il s’agit d’une maison complètement
«vintage».
C’était en janvier dernier alors que nous magasinions notre «home
sweet home». Lorsque j’ai pénétré
dans ce qui allait devenir ma maison, hipster n’est pas le premier mot qui m’est
venu à l’esprit. J’ai ressenti un grand
frisson devant ce monument pur kitsch.
Authentiquement provençal français avec des kilomètres de rideaux taillés
dans les robes de Sissi impératrice d’Autriche. Le temps s’était figé : nous sommes entrés dans le Twilight zone des
années 70.
Et j’ai été aspirée dans une
quatrième dimension… Aussi étrange que cela puisse paraître, j’ai mentalement
abattu deux murs, posé des parquets de bois sombres, fait surgir la cuisine de
mes rêves.
Dans mon rêve éveillé, il n’y avait pas de tempête de
poussière de gypse ni de coûteuses surprises une fois les pièces déshabillées. Je n’ai pas imaginé les fréquents allers-retours
à la quincaillerie où j’ai fini par connaître les commis par leur petit nom. Dans cette vision de la maison parfaitement «home
stagée», blanche comme une cathédrale en Sicile, rien sur la colossale
feuille de temps de valeureux ouvriers payés trois fois rien : mes parents et chéri…
Ils ont trimé dur mais rien ne les a arrêtés. Ils ont gratté le papier peint pouce par
pouce et je les soupçonne d’avoir parfois utilisé leurs dents pour faire disparaître le motif à
fleurs. Et moi, aussi inutile qu’une
pince à cheveux sur la tête de Kojak, je les ai regardés redonner une seconde
vie à «ma» maison, celle à laquelle j’ai rêvé.
Vintage, un joli mot en forme de trappe à ours. Pensez y à deux fois lorsque cette chaise
rembourrée échouée sur un trottoir vous fera de l’œil. Ce n’est pas une simple chaise avec du
potentiel. C’est un projet de plus pour
vous prouver que l’amour peut venir à bout de tout, même des chaises défoncées
au velours râpé.
Chez nous, on ne dit plus vintage… Chéri se couvre les
oreilles à deux mains parce qu’il connaît par cœur la tyrannie des vieilleries
maganées qui ne révèle leur beauté qu’à grands coups de patient « gossage ». Ceci dit mon amour, je préfère ton don pour
ressusciter les maisons à tous les bouquets de fleurs du monde. Ma maison hipster n’a pas de prix.
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