« Brad, tu m’aimes toujours? ». Angelina
doute. Ce soir, les cicatrices sur ses
seins lui font mal. Ses enfants, ses
merveilleux enfants, ont renversé un verre de lait, levé le nez sur son pâté
chinois; ils se sont essuyés la bouche avec la nappe et ont failli ébouillanter le
chat avec leur bol à soupe. Ils ont été…
des enfants. Vifs comme des petits
singes, insouciants, heureux. Pour eux,
Angelina n’est pas une demi-déesse descendue tout droit de la planète
Hollywood, c’est une mère comme une autre à qui ils crient : maman, où t’as mis mon t-shirt rouge? Viendra un jour où ils comprendront ce que
leur mère, si ordinaire à leurs yeux, a fait pour eux. Une mastectomie préventive pour rester là, à
essuyer les dégâts, sécher leurs larmes, béquer les bobos et sourire devant la
gaieté de leur brouhaha.
Depuis la mort de sa mère en 2007, Angelina tourne et
retourne dans sa tête les sombres statistiques rattachés à son risque de
développer un cancer du sein et de l’utérus.
Bien des fois, elle s’est vue debout sur le bord d’une
autoroute quatre voies en pleine heure de pointe. Les automobilistes filent à plus de 100
km/hr. Elle s’est imaginée en train de prendre
une grande respiration pour foncer droit devant. Dans son scénario, elle meurt inévitablement
sous les roues d’un véhicule. Pourquoi
traverser l’autoroute quand on a 87 pourcent de risques de finir écrasée?
Angelina a opté pour le chemin le moins fréquenté, le plus à
pic, le seul sentier qui ne la mènera pas jusqu’à une fosse dangereuse : ablation des seins. « My medical choice » est le titre
qui coiffe sa lettre ouverte publiée aujourd’hui dans le New York Times.
Un choix médical, radical et très certainement longuement
mûri puisqu’il permet d’échapper à tous ces drames quotidiens. Au canada, 14 femmes meurent chaque jour d’un
cancer du sein.
La mastectomie préventive est-elle une forme de « mutilation »? A mon avis, c’est plutôt le cancer qui
mutile et laisse des traces. Dans mon
cas, il s’agit d’une toute petite cicatrice en forme de sourire, une blessure
de guerre que je préfère oublier.
Et les cicatrices d'Angelina Jolie? Ce sont les frontières d'un territoire qu'elle a elle même tracées et que le cancer ne franchira pas.
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