13 déc. 2010

Noël?

Je suis une enfant qui a connu les traditions : set carré, musique à bouche, chansons à répondre grivoises et bonbons aux patates.  Il y avait jadis, dans le sous-sol de la maison de mes grands-parents Elphège et Jeannette, une ambiance digne de Soirée canadienne.  Mon oncle Roland ouvrait toujours le bal avec un grand classique, La Boiteuse.  L’histoire chanté d’une pauvre bougresse qui boitait mais qui allait tout de même chercher de l’eau vers la rivière, « en se tortillant le derrière et en se secouant la poivrière…donnez moi de l’eau et voilà mes deux seaux! »  C’est qu’elle était joyeuse, la Boiteuse!
Ma grand-mère s’attelait ensuite à son accordéon et à sa musique à bouche.  Je la trouvais fragile ainsi parée de son attirail, elle qui ne se lassait pas de jouer les notes d’un rigodon essoufflant.  On lançait des Corn flakes sur le plancher pour le rendre encore plus « coulant » comme disait tante Jeanne-d’Arc.  Ma mère m’attrapait pour me faire swinger fort…C’était grisant!  Il suffisait d’observer un peu les adultes, avec un p’tit verre de « fort » à la main, pour voir que je n’étais pas la seule enivrée. 
Vers 2 ou 3 hrs du matin, on se ruait sur la table garnie de tourtières, salade de macaroni et bûche sucré.  Je finissais le réveillon bien endormies sur un lit, sous la pile de manteaux de fourrure.  Le parfum Avon de mes six tantes, quelle belle façon de partir au pays des rêves.
Nous sommes en train de réinventer les traditions.  C’est à moi de faire swinger mes enfants de la même manière que ma mère l’a fait.  Recréer l’esprit de famille, partager un bon repas et prendre le temps de danser et rire : qui a dit que la tradition devait être ficelée avec une ceinture fléchée?

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