28 déc. 2010

Le temps des résolutions
C’était le 31 décembre 1989.   Je me souviens de cet étrange jour de l’an passé dans une petite chambre miteuse de Prague.  Quelques jours plus tôt, nous avions passé Noël dans un château de Budapest, un monument usé et laissé à l’abandon à la grande joie des routards qui y trouvaient refuge pour pas cher.
Nous étions trois joyeux naufragés dans une Europe de l’Est en pleine ébullition, une Europe secouée par la chute du mur de Berlin :  Stéphane, Fred et moi, étudiants sans le sous, traînant notre sac à dos de l’Allemagne jusqu’en Autriche, en passant par la Hongrie et la Tchécoslovaquie.  Avons-nous visité d’illustres monuments empoussiérés? Que nenni!  L’histoire se déroulait plutôt sous notre nez.  Nous avons vu dans les rues de Budapest des expatriés roumains brandir le drapeau de leur pays pour saluer la mise à mort de Ceausescu, nous avons tremblé d’excitation en participant au bain de foule de Vaclav Havel sur la place Venceslas, nous avons pleuré dans une loge rouge velour de l’opéra de Prague alors que la foule s’est levée d’un trait pour chanter sa nouvelle liberté.
Et pendant la dernière heure de cette inoubliable année 1989, nous avons fait des résolutions. Nous avons devisé en trinquant à la barack palinka, une eau-de-vie qui rend complètement cinglé.
« Je vais faire du jogging! », et hop, on trinque et on cale.
« Je vais découvrir le monde! »
« Je vais réussir mes études! »
« Je vais fonder une famille…un jour! »
C’est comme ça qu’il faut le boire, ce satané alcool : en faisant la promesse de devenir quelqu’un de meilleur.  Parce qu’après sept ou huit résolutions, je vous jure que vous êtes couchés et bons pour la civière.
Cette année, je vais me resservir quelques rasades pour porter un toast à la nouvelle année.  Oubliez la torpeur des premières semaines passées ici en Nouvelle-Calédonie.  Mettez une croix sur mon tempérament de nord-américaine pointilleuse qui jacasse inutilement sur les boîtes de petits pois verts.  Enfermez la mère poule qui étouffe sa couvée d’oisillons prêts à battre des ailes.  Je prends une rasade pour saluer mes futures tribulations dans ce pays où les ondées côtoient un coin de ciel plaqué d’un soleil radieux.  Un autre cul sec pour redonner du pep à mon petit côté voyeur, histoire de bien repérer comment tout se vit ici.  Et un dernier pour la route, cette route que je vais sillonner pour vous faire partager mon point de vue étonné sur des habitants de tribus qui n’ont pas peur de montrer leurs drôles de couleurs dans ce 21e siècle high-tech. 
Je vais boire juste ce qu’il faut pour ne pas finir sur le dos.  Il y a un avantage à ne plus avoir 25 ans : on est moins débile.

16 déc. 2010

Bouboule, prise 2
Bouboule n’a pas de couilles.  « ah…tu est mal tombée, un chien pissou! »  Mais non, vous n’avez rien compris :  c’est une femelle.
Lundi dernier, j’étais chez le vétérinaire pour son rappel de vaccins.  Bouboule tremblotait sur la table en inox en attendant sa piqure.  Pour cette consultation,  d’Artagnan-Orlando-Bloom (voir texte Bouboule) est retenu en pleine opération dans la salle d’à-côté.  C’est plutôt son collègue, grand mince, jeune cinquantaine au petit sourire moqueur, qui pose les questions d’usage sur l’animal.  « Appétit? » Alors là, oui, il mange.  Les chaussures, les orteils, les gougounes (claquettes).  « Bon caractère? »  On se surprend qu’il n’ait pas un nez de clown, ce chien.  Il cabriole comme s’il animait l’entracte au Cirque du Soleil. « Pesée : 2,9 kilos »  Wow! Il a doublé sa taille en trois semaines.  Le vétérinaire se fend de son fameux sourire et me dit : « Mais vous savez que ce n’est pas un mâle, c’est une femelle? »  Euh, pardon?   Il a bien les petits tétons sur sa bédaine picotée rose et noir… je fronce le sourcil devant un bout de son anatomie qui me laisse perplexe :  « Et ça alors, c’est quoi ce bout qui dépasse? »   « Mais c’est son clitoris! », précise-t-il, bien fier de me voir devenir écarlate.  Ah, la vache! Un clitoris, ça? Et ben, dis donc, il est équipé pour veiller tard, comme on dit chez nous.  Oups! « elle », devrais-je dire!
Alors nous voilà avec Bouboulette.  Mâle ou femelle, peu importe.  Nous avons recueilli la plus incroyable bête qui nous témoigne chaque jour amour et fidélité.  Adopter ce chiot mourant s’est avéré une véritable bénédiction.  Ma plus jeune, Princesse des îles, ne se lasse pas de m’écouter raconter l’histoire de notre trouvaille dans les buissons.  « Tu sais », je lui dis, « avec beaucoup d’amour et des bons soins, Bouboule va devenir le meilleur chien du monde ».  Ma douce enfant à la peau d’ébène me répond alors :  « C’est comme lorsque que tu m’as adoptée : j’étais petite avec un gros bedon et maintenant je suis devenue grande et forte! »  
L’amour fait des miracles.  Il faut en donner sans compter.

13 déc. 2010

Noël sous les palmiers

Noël?

Je suis une enfant qui a connu les traditions : set carré, musique à bouche, chansons à répondre grivoises et bonbons aux patates.  Il y avait jadis, dans le sous-sol de la maison de mes grands-parents Elphège et Jeannette, une ambiance digne de Soirée canadienne.  Mon oncle Roland ouvrait toujours le bal avec un grand classique, La Boiteuse.  L’histoire chanté d’une pauvre bougresse qui boitait mais qui allait tout de même chercher de l’eau vers la rivière, « en se tortillant le derrière et en se secouant la poivrière…donnez moi de l’eau et voilà mes deux seaux! »  C’est qu’elle était joyeuse, la Boiteuse!
Ma grand-mère s’attelait ensuite à son accordéon et à sa musique à bouche.  Je la trouvais fragile ainsi parée de son attirail, elle qui ne se lassait pas de jouer les notes d’un rigodon essoufflant.  On lançait des Corn flakes sur le plancher pour le rendre encore plus « coulant » comme disait tante Jeanne-d’Arc.  Ma mère m’attrapait pour me faire swinger fort…C’était grisant!  Il suffisait d’observer un peu les adultes, avec un p’tit verre de « fort » à la main, pour voir que je n’étais pas la seule enivrée. 
Vers 2 ou 3 hrs du matin, on se ruait sur la table garnie de tourtières, salade de macaroni et bûche sucré.  Je finissais le réveillon bien endormies sur un lit, sous la pile de manteaux de fourrure.  Le parfum Avon de mes six tantes, quelle belle façon de partir au pays des rêves.
Nous sommes en train de réinventer les traditions.  C’est à moi de faire swinger mes enfants de la même manière que ma mère l’a fait.  Recréer l’esprit de famille, partager un bon repas et prendre le temps de danser et rire : qui a dit que la tradition devait être ficelée avec une ceinture fléchée?

6 déc. 2010

Les best friends (BFF)



J’ai leur nom tatoué sur mon cœur.  Des noms qui sont aussi gravés sur des bijoux qu’elles ont glissés dans mon baluchon avant le grand départ fin septembre.   Mes BFF me suivent partout en Nouvelle-Calédonie :  je conduis en j’entends le clic-clic du bracelet serti de leurs initiales  quand je passe de la quatrième à la cinquième vitesse en doublant le gros camion sur l’un des rares bouts droit de la R-1.  Check dans le miroir, check la prochaine courbe, check les pancartes avec un cerf dessus. J’accélère et je touche à mon autre gri-gri, un pendentif en forme de demi-lune.  Je reviens dans ma voie et comme toujours, j’ai le cœur qui bat.  Je respire un grand coup et je me rassure : mes amies sont là.  David Guetta cogne dans les hauts parleurs de la Dacia, un air qui me fait penser au sourire de cette autre copine qui m’est très chère.   « Toutes des BFF? », me direz-vous…  « Ça ne fait pas sérieux, 6 copines! »  Mais si, ça existe!  Elles sont tellement différentes et drôles et folles!  Avec elles, j’ai fait la fête, j’ai refait le monde, j’ai mis mes tripes sur la table pour ensuite inonder la nappe de mes larmes… Sans oublier les achats compulsifs, les attaques de rires pire que des virus, les secrets chuchotés, les coups de fil fleuve, les séances d’aérobie sur les pistes de danse à minuit…
Je touche mon bracelet et ma chaînette tout en regardant les photos sans toutefois pouvoir assouvir mon désir d’être avec elles.  Vous êtes là, c’est certain…mais vous me manquez terriblement!
Allez, je vous embrasse.
Avec tout mon amour,
c

2 déc. 2010

Ah, misère!

Dans cet univers où je vogue entre youtube, blogger, facebook et autres sites conviviaux, je m'aperçois qu'il faut faire gaffe aux petits accrocs pour ne pas enfreindre les règles écrites en tout petit...Ainsi, j'ai piqué du son à Sony music pour agrémenter mes élans artistiques de vidéaste.  L'avertissement ne s'est pas fait attendre:  j'ai reçu un beau courriel me disant:  "Attention, artiste du dimanche...on t'a à l'oeil!".
Okay,  j'ai compris.  Je prends la musique mais la qualité sera, disons, plus discutable.  C'est un choix à faire et je suis sûre que vous comprendrez.


Merci de votre fidélité!

The Climb 2

28 nov. 2010

Le sens de la vie
Il fait divinement beau.  Les oiseaux chantent, le soleil brille et une douce brise caresse ma peau.  Tous les ingrédients sont réunis pour que je puisse entrer dans l’état « bulle de bonheur », un concept inventé par mon amie Renée-Claude.   Les conditions météorologiques dignes du paradis terrestre sont-elles suffisantes pour me plonger en pleine béatitude? 
Non.  Il faut plus.  Pas mal plus que le pépiements des z’oiseaux.
Dans le numéro de septembre de Psychologies magazine, le neuropsychiatre David Servan-Schreiber trace le parcours du combattant.  Selon lui, il y a quatre domaines à cultiver comme s’il s’agissait d’un jardin zen.  À vos bac à sable et râteau, prêt? On y va!
La corporalité.  Ça veut dire se connecter sur son corps :  courir, manger sainement, regarder autour de soi.  Assez facile.
L’intimité.  Un autre truc qui semble fastoche mais attention, y’a toujours des pièges….Au programme, vivre l’Amour avec un grand A.  Vous savez, cet amour qui ne connaît ni la rancœur ni le quotidien aliénant?  Même chose avec les enfants :  pas de hauts cris!  Soyez le dalaï lama des parents.  Dur? 
La communauté.  Rayonner dans son petit univers social, ça vous dit quelque chose?  Il semble que le bénévolat fait des miracles dans ce rayon.  Minimalement, il faut parler aux gens que nous fréquentons jour après jour.  Le boucher, la caissière-baboune, les voisines. 
Last but not least…La spiritualité.  Jésus, Allah, Bouddha ou Yahvé, take your pick.  Le but, c’est de choisir un être inatteignable pour se rappeler « combien nous sommes insignifiants dans l’univers ou dans l’immensité du temps ».  Alors là, c’est le déclic :  nous, itsy-bitsy-tout-ti, nous voilà ravalant notre suprême égo pour puiser au plus profond de nous même en se disant : « Même les fourmis ont une mission, alors pourquoi pas moi? ». 
Vous maîtrisez ces quatre domaines et votre bulle de bonheur est blindée.
Personnellement, je ne pige pas tout mais ça ne fait rien.  Au moins je me dis qu’il n’y a que quatre marches à gravir même s’il faut un pic pour les atteindre les unes après les autres.

21 nov. 2010

Les mots d'enfant
Mon aîné Lulu est le pacifique et arbore un calme olympien.  Princesse des îles est une flamboyante enfant qui fonce dans la vie comme un bolide de course.  Clopinette, elle, est ma grande philosophe.  Elle réfléchit, elle écrit, elle vit avec des couleurs et des mots. Elle argumente aussi! Clopinette a le don de trouver des bribes de textes poignants pour décrire son réel combat pour arriver à se faire une nouvelle vie.
Pardonne-moi ma chérie, mais comme dirait Guy A. Lepage dans Tout le monde en parle: "je te cite":
(extrait du film Titanic)
"si tu sautes , je saute mais .. seras-tu là pour me rattraper?
Ferme les yeux. Dis toi que tu es avec moi. Mais je manque à l'appel. 
On s'est dit un jour qu'on se reverrait .. qu'on serait à nouveau réunis.
Mais non, mon coeur se fait de plus en plus lourd.  Je cours, je crie
mais je sais que cette épreuve est une bonne chose. Les journées, certes, s'allongent mais c'est pour de bonnes choses. On est avec les gens qui nous aiment.
Vraiment, je t'attendrai.  Je vous attendrai.  Je combats le temps que j'ai en votre absence,
C'est triste. Mais c'est un nouveau départ. Je n'ai pas à appeler au secours car
je sais que vous n'êtes pas loin de moi  pour m'épauler & pour me comprendre.♥
J'espère que tu me rattraperas  mais c'est a toi de décider si tu veux que je me brise.."


Te lire me touche.  Je suis fière d'être ta mère.
XXX ;-)

20 nov. 2010

Compétition complètement coco!

Donnez-moi 5 noix de coco...
Donnez-moi cinq noix de coco et un piquet bien affilé. Lancez un défi à la ronde et alignez cinq compétitrices bien déterminées à ne pas flancher sous un soleil de plomb.  A go, on empoigne la première noix et hop! on la plante sans ménagement sur le piquet.  C'est comme ça qu'on extirpe la noix de coco.  Il répéter l'exploit cinq fois.  1-2-3-4...et 5!  Les noix de coco roulent aux pieds des dames en sueur.
La gagnante lève le bras en l'air, conforté par sa victoire facile.  Elle ne va pas trop fanfaronner: c'était elle la plus jeune!
Et à quelques mètres de là, la relève: un bébé dodu dort à l'ombre à poings fermés.  

18 nov. 2010

Bouboule, le rescapé
« Alors voilà, du coup, nous avons dû le mettre sous perfusion car il avait une sérieuse diarrhée », me précise le vétérinaire, un ténébreux à la barbichette bien fournie qui avait un je-ne-sais-quoi de d’Artagnan, version Orlando Bloom.  Je l’écoutais en jouant nerveusement avec mon chéquier.  Perfusion?  Le malade, un chiot d’à peine plus d’un kilo récupéré dans un buisson, allait-il faire un trou abyssal dans mon compte en banque?
« Vous voulez le voir? ». Bien sûr.  Je ne me fais pas prier pour suivre le sosie d’O.B. jusqu’au grabataire.
Dans le fond de sa petite cage, le voilà, l’hospitalisé.  Il tremblote et ses oreilles pendouillent tristement.  Il n’a que la peau et les os.  « J’ai eu du mal à trouver la veine pour lui faire ses injections », poursuit-il.  Un autre mot qui fait tinter le tiroir caisse… Injections.
« Euh, pardon d’avoir des considérations bassement matérielles, mais une nuit à l’hosto, les injections et les perfusions, combien ça va coûter tout ça? ».  J’avais la trouille car je me voyais déjà avec un doigt bien coincé dans l’engrenage.  Le genre de situation où il n’y a pas de marche arrière.  Juste un bouton sur lequel il est écrit :  auto-destruction.  Aie!
« Attendez, je vais faire un petit calcul… ».  Et le voilà qui pianote avec légèreté sur la calculette.  Ah, l’animal!  (en parlant du vétérinaire…), il me fait le coup pour maintenir sournoisement le suspense. 
«Bah, si je le garde encore une autre nuit sous surveillance pour voir comment il reprend des forces, je vous dirais, hum... pas plus que 15 000 francs », dit-il, l’air satisfait de son évaluation.  Je retranche deux zéro pour convertir et je souffle un peu.  150 dollars, c’est cher, mais on est loin de la grande arnaque des cliniques du Québec.
« Bon, d’accord, perfusez! »
La petite cure, bien qu’onéreuse,  a fait des miracles.  Le malade est de retour à la maison,  en convalescence.  Il faut lui donner des suppléments alimentaires en plus de ses médicaments pour guérir la gastro-entérite.  Il a failli mourir deux fois, le pauvre.

Laissez-moi vous raconter comment on s’est retrouvé avec un mini chiot et une grosse facture.  Il y a une semaine, j’étais en véhicule avec chéri.  Le soir venait de tomber.  On arrive au coin de la rue pour aller au village et là, je le vois, petite chose blanche et noire au milieu d’un buisson.  « Arrrrrrêêêête! Y’a un chiot abandonnée! »  Chéri lève les yeux au ciel, sentant la soupe chaude.  « Il faut le récupérer, il va mourrrriiiiir ».  Il faut parfois braire un peu pour faire entendre raison à l’être aimé.  Chéri se range sur l’accotement et j’ouvre la portière pour foncer telle wonder woman sur l’animal en boule…qui s’enfuit!  Ah, le vilain!  Je n’ose pas aller me dépatouiller avec mes claquettes aux pieds dans cette mare à tricots rayés (de jolis serpents, si ce n’est qu’ils sont très venimeux) pimentée de scolopendres (un mille-pattes hideux comme un pou qui pique avec hargne).  À regret, j’abandonne.
De retour chez moi, je n’arrive pas à me pardonner une telle couillardise.  Mais il va mourrriiiir!  Cette seule perspective suffit à me faire passer une nuit atroce, plongée dans un rêve où les chiots abandonnés m’engueulent en pointant méchamment leurs pattes dans ma direction.  Au réveil, je ne fais ni un ni deux et j’emmène Clopinette et Princesse des îles vers le buisson de la Honte.  Et il est là!  Il est là!  Princesse des îles ne se laisse pas impressionner par le couinement aigu du chiot et l’empoigne pour le presser contre elle.  La petite chose se roule en boule.   Et c’est à ce moment précis que les dés sont jetés :  «  On va l’appeler Bouboule! »  Oh, la la!  Je viens d’adopter un bébé chien, moi? 

Je crois que je suis passée maître dans l’art du doigt dans l’engrenage!

14 nov. 2010

Liste des bonheurs


Un pique-nique à Poé avec une gang de québécois
La pluie qui accompagne la sieste du dimanche
Un texto rigolo envoyé par les enfants
Lulu qui nous annonce qu'il est invité à une "boum"
Le sourire des filles après la séance d'équitation
Jogger au frais tôt le matin
Rire d'une blague avec des inconnus
Faire des boîtes
Défaire des boîtes
Recevoir une lettre par la poste
Écouter de la musique à fond la caisse en conduisant
Débarquer à Nouméa
Bouquiner
Se faire une nouvelle amie (clin d'oeil à Louise, ma complice)
Avoir une tablée d'enfants

13 nov. 2010

La simplicité volontaire
C’est une petite ville bruyante de 16 à 19 heures.  Tout le monde saute dans son pickup pour aller faire les courses au marché.  Koné clame sa nouvelle grandeur avec tout ce monde qui défile à l’heure de pointe.  Le projet de la mine Koniambo a fait bondir la population.  On est ici dans la capitale de la province du Nord, village minuscule qui prétend déjà pouvoir faire compétition d'ici quelques années à Nouméa…  Mais elle a bien peu à offrir si ce n’est ses trois ou quatre marchés d’alimentation aux allées bordées de boîtes de cassoulet et ses ilots de bière Number One que l’on s’arrache sitôt que la journée se termine à l’usine. 
Sa plage est moche, les devantures de ses magasins s’écaillent et ses trottoirs deviennent des tavernes à la tombée du jour. 
Difficile de l’aimer car elle n’a rien à donner.  On a beau courir de gauche à droite, les poches pleines de francs pacifiques, mais on ressort avec des sacs à moitié plein.
C’est comme ça qu’on apprend la simplicité volontaire.  On finit par se contenter de peu.  Et on laisse échapper un grand rire de joie lorsqu’il y a enfin des champignons frais ou des avocats au rayon des fruits et légumes. 

9 nov. 2010

Flic, FLAQUE!
Dormir à Koné, c’est un peu comme roupiller au camping du Mont Ham-sud en Estrie :  le silence nous enveloppe pour finir par laisser filtrer les quelques piaillements matinaux des oiseaux.  À moins bien sûr qu’on ne se fasse arroser par une grosse averse…Alors là, c’est comme une douche sur le toit en tôle.  Ça tape-tape-tape.  Rien de menaçant, juste une autre sorte de ronron comme un bruit de fond qui finit par nous hypnotiser jusqu’à ce qu’on s’évanouisse à nouveau dans les bras de Morphée.
C’est comme ça que je me suis rendormie samedi soir dernier.  Il pleuvait dru.  C’était pas des cordes, c’était des troncs qui tombaient.  SHHHHHHHH!!!!!!!   
Dimanche matin, on se lève sous un soleil pétant, le ciel lavé de toutes traces de nuages.  Mon sourire s’est coincé lorsque j'ai mis le gros orteil dans une flaque d’eau au beau milieu du salon.    Eh, merdouille!  L’eau s’infiltre dans la maison! 
Je me suis mise en colère avec cette flaque boueuse.  Pourquoi?  Moi qui suis pourtant entré en mode zen-vitesse-slow, j’avais envie de rouler le journal en boulettes pour le lancer contre les murs, histoire de me défouler.  J’ai sorti la « moppe » et j’ai fait disparaître le dégât en égrenant quelques jurons qui ont sans doute fait sourire dans sa tombe le cinéaste Falardeau, cet éternel mal engueulé.
Puis, revenue sur terre, je me suis posée cette question :  pourquoi se mettre dans un tel état?
Nous avons posé nos dix valises dans cette maison à la mi-octobre.  D’ici quelques semaines, le container arrivera avec le reste de nos possessions.  On vit dans ce grand F-5 au milieu de tout ce qui constitue notre identité.  Les meubles, les tableaux, les vieux albums photos, les chaises bistro chinées chez l’antiquaire Lacombe, les piles de vieilles revues de déco et une boîte de livres.  Bien sûr, cette collection hétéroclites va s’enrichir d’objets dénichés ici au fil de nos promenades et de nos coups de cœur.  Mais il n’en reste pas moins qu’on vit dans cette grande maison comme dans un refuge pour retrouver un peu de notre vie d’avant.  Dès qu’on met le pied hors de cette demeure, on redevient des touristes.  Des expatriés qui essaient de se fondre dans le paysage de la province Nord.
Ici, entre ces murs, je retrouve mon accent québécois, les bonnes odeurs de ma cuisine et oui, je l’admets, l’écho un peu macho des jurons que je ne me lasse pas de laisser claquer à l’occasion.  Pas de flaques d’eau dans cet espace si jalousement délimité par mes trucs et mes tics.
                                           *************
La pelle mécanique est arrivé mercredi matin.  Les travailleurs vont creuser une tranchée tout autour de la maison pour favoriser le drainage.  Adieu mon gazon embryonnaire!  C’est le prix à payer si je veux retrouver mon beau sourire.

7 nov. 2010

un dimanche après-midi à Pindaï

Le bonheur est à une demi-heure de route

C'est dimanche, il fait 32 degrés et je me liquéfie dans ma cuisine.  Solution?  La plage de Pindaï, petit coin sauvage à une demi-heure de route.  On emballe des boissons gazeuses, un petit reste de vin blanc, quelques croustilles et hop! direction bonheur!!!!

3 nov. 2010

Faire les courses, un sport national

J’aime pousser mon caddie dans les allées d’une épicerie, lire les ingrédients sur les boîtes de conserve et piquer des petites bouchées offertes par une dame en sarrau qui cuisine dans un mini-four des trucs complètement dingues.  Et mon rayon préféré est sans contredit celui des fruits et légumes parce qu’il déborde de couleurs.  Des oranges grosses comme des poings, des laitues croustillantes, des carottes pour trois fois rien, des asperges, quatre ou cinq variétés de tomates, des fines herbes fraîches, des pommes de toutes les couleurs.  Je prends tout.  J’avais   trois supermarchés à cinq minutes de marche de chez moi à Trois-Rivières.
Mais faire les courses version Koné, c’est un véritable décathlon.  Une épreuve où il faut garder l’œil ouvert pour scruter les nouveaux arrivages de boîtes un tant soit peu exotiques parmi  les sempiternelles pommes de terre en purée instant et le lait tablette.  On veut faire plaisir aux enfants avec une boîte de céréales?  Il y en a six variétés, toutes déclinées en version choco-truc-pop.  Du nutella?  Que nenni!  Des yogourts?  Vanille, coco ou sucré.  La glace est cependant à se rouler par terre, surtout celle saveur crème brûlée.  J’ai même pensé en faire un repas principal tellement elle fait l’unanimité parmi mes troupes.
Quant aux rayons des fruits et légumes, c’est digne des pays de l’est avant la chute du mur de Berlin.  Y’a rien ou si peu.  Du melon, du cantaloup et des bananes.  Mais pas à tous les jours.  Il y a bien sûr les mangues mais il faut savoir où se trouve le manguier…Curieusement, il y en a partout sur le bord des routes mais nulle part en épicerie. 
La chasse aux trésors ne se termine jamais : on entre et sort des petits marchés de Koné et de Pouembout en espérant tomber sur le truc rare, comme des pains hamburgers ou de la coriandre fraîche.  Alors ces jours-là, c’est comme si c’était Noël en juillet.  Du bonheur à l’état brut.
Ça fait partie des petits plaisirs de la vie.  Heureusement, le bon vin est abondant et disponible sur toutes les tablettes.

27 oct. 2010




              Rire de soi

C'est une vue saisissante: imaginez un bouton purulent au milieu du visage, une femme voilée dans un snack de Hérouxville, un curé en soutane accoudé un vendredi soir au bar Le Temple où une flopée de poules downtown Koné.  Autre image déroutante: nous les québécois qui vivons ici, dans ce petit coin perdu. Difficile de ne pas nous remarquer dans une province où la population est majoritairement noire. Ici, ce n'est pas la blanche Nouméa.
C'est choc, comme disent les ados.
Notre appellation? Les expatriés, ces travailleurs venus de partout dans le monde, qui sont un mal nécessaire. Pour faire fonctionner la plus grosse mine de nickel au monde, KNS a besoin de faire appel à des étrangers. Chéri fait parti du contingent. Il n'est pas le seul: ici dans mon quartier, il y a des québécois à tous les coins de rue. C'est le Old Orchard du pacifique sud...L'autre soir, ils étaient une trentaine à jouer au hockey dans ce nouveau développement domiciliaire construit pour accueillir les nouveaux arrivants!
Mais la relève se prépare: on s'apprête à former des jeunes d'ici dans une école technique à Bourail. C'est le CEGEP de Rouyn qui pilote le projet.
Et qui sait? Dans quelques années, mon quartier Green Acre changera tranquillement de couleur pour faire place aux familles d'ici. On jouera plutôt au foot après le boulot.  Après tout, nous n'avons signé qu'un bail de 4 ans...

26 oct. 2010

Les morts de la R-1
C’est un cortège qui se déroule au fil des kilomètres : des fleurs et des lambeaux de tissus qui volent au vent. Des monuments érigés sur le lieu d’un accident. Il y a ce cœur de roses au milieu d’une croix, le t-shirt délavé d’un conducteur qu’on devine dans la vingtaine, une trop abondante gerbe pour marquer la perte de plusieurs êtres chers…C’est violent et tendre. Sans trop le savoir, on lève le pied en frôlant ces scènes encore habitées par les drames. Je me suis arrêtée entre Bourail et Koné pour prendre ces lieux e photos. C’était comme ça quand j’étais journaliste: quelques images pour raconter le pourquoi et le comment d’une tragédie. Ici comme ailleurs, la route tue. 51 morts en 2008. C’est beaucoup pour un si petit pays qui ne compte qu’un peu plus de 245 mille habitants. Le Québec faisait état de 557 décès pour la même année…pour une population de 7,8 millions.

Lettre à mes enfants
Lulu, Clopinette et Princesse des îles, sachez que je vous aime avec passion. Ma plus grande joie, c’est de vous surprendre alors que vous dansez avec abandon dans la cuisine ou chantez sous la douche tout en sachant qu’une tristesse profonde vous habite depuis notre arrivée ici. Vous êtes trempés dans l’acier pour garder une telle bonne humeur! Ceci n’était pas votre idée. Rien de tout cela ne vous excitait. Les lagons, les poissons, les palmiers et un abonnement 10 mois sur 12 au soleil, ça ne vous faisait pas flipper. C’était plutôt poche. L’école sous un soleil de plomb de 7 heures du matin jusqu’à 16 heures et plus avec en prime, une cantine du midi pour les bagnards, j’avoue que ça n’a rien d’attrayant. À quelques exceptions près, les profs sont tous de véritables tortionnaires qui s’évertuent à jouer au punching bag avec vos égos. Sans trop le savoir, les copains prennent le relai. Encore aujourd’hui, Clopinette a ramassé une insulte gratuite pour un simple regard en coin à une copine : « Qu’est-ce que tu regardes, pétasse?! » Pauvre bébé! Tu essaies encore de décortiquer le pourquoi d’une telle méchanceté…Et oui, ils sont parfois comme ça ici. Même Princesse des îles s’est fait bousculée parce qu’elle ne voulait pas partager son suçon à la ronde. Normal, non? Y a-t-il une pilule qui puisse épancher vos larmes lorsque vous en avez vraiment ras le pompon? J’étais déjà à court de ressources lorsque vous aviez des coliques alors imaginez avec les chagrins comme ceux-là…Je suis complètement chamboulée. Je vous prends dans mes bras, souffle des bisous sur vos joues en espérant que ça va passer. Et comme par magie, comme la pire des coliques, ça finit par s’estomper. Je vous retrouve le lendemain matin, frais comme une rose, chantonnant en tartinant généreusement votre bout de baguette. Moi, je suis un peu barbouillée parce que j’ai dormi comme pioche. C’est quoi votre truc? Je tire encore des leçons de sagesse à vous regarder vivre.
Je vous aime. Vous êtes mon inspiration.

23 oct. 2010

J’ai un amour qui ne veut pas mourir
C’est une rumeur qui est arrivée aux oreilles de ma pauvre mère : le Nord, c’est moche. Elle était dans tous ses états en apprenant que les gens ici buvaient comme des éponges pour ensuite envahir les routes du coin en semant la panique partout où ils passaient. Une contrée désertique peuplée de cowboys sans foi ni loi. Ah bon? Vrai que c’est moche par endroit. Vrai qu’il y a des saoulons déjà bien imbibés sur le coup de 18 heures. Vrai que les trois heures qui nous séparent de Nouméa pèsent parfois lourd. Mais brousse ne rime pas avec frousse. Mes enfants vont à l’école avec la jeunesse des tribus du coin, je fais mes emplettes chez Adjan, le gentil proprio de New Wave qui arrondit parfois la facture pour me faire sourire, j’éclate d’un bon rire avec les fonctionnaires de l’OPT et je réponds avec joie aux klaxons joyeux des travailleurs qui me saluent pendant mon jogging. Il y a ici des gens fiers et bons , attachés à leur communauté et qui sont de véritables citoyens actifs. J’aime cet endroit. J’aime voir la montagne aux humeurs changeantes qui domine Koné. Parfois sombre et perdue dans un épais nuage ou encore plus grande que nature avec ses sommets inatteignables. J’aime les chevaux sauvages qui broutent sur le bord de la rivière mangée par les nénuphars. J’aime les jardins secrets et touffus d’où sortent parfois des coqs têtus qui courent sur les trottoirs. J’aime la baboune de la caissière du marché centrale même si elle m’exaspère…Et j’aime plus que tout papoter avec Anna qui me raconte que ses varices la font souffrir. Dieu qu’elle est belle avec sa jolie peau blanche et fripée dans ce pays pourtant noir! Et j’aime aller traîner au Tumbala café. C’est là que je fais mes tête-à-tête avec mes enfants pour entendre le récit de leur péripéties. La dernière fois que j’y suis allée, j’étais avec Princesse des îles. Elle en avait des choses à dire sur sa nouvelle école, les Flamboyants. Au moment où j’allais régler l’addition, la musique d’ambiance s’est mise à dérailler. La serveuse part vers le lecteur et glisse un autre disque. Surprise : c’est Renée Martel! Un vieux succès vinyle des années 60, « J’ai un amour qui ne veut pas mourir ». Les accents nasillards qui emplissent soudainement le Tumbala font monter en moi des larmes de bonheur. Je suis là à Koné, plongée par magie dans l’insouciance de mes 5 ans alors que tante Fernande ne se lasse pas de faire jouer et rejouer son 45 tours. Je suis ailleurs, loin de tous mais vous m’habitez toujours. Pas question de perdre le nord. Je le laisse plutôt me gagner peu à peu.

20 oct. 2010

Liste des choses à ne pas faire
Filer vers Poindimié avec la jauge à gazoil au quart
Aller à la plage sans son kit de premier soins
Faire la baboune chez le boucher
Faire confiance aux machines distributrices
Partir sans appareil photo
Dire non à une invitation
Jogger avec les nuées de moustiques
Dire oui à une troisième coupe de vin
Se coucher fâchée
Remettre à demain
Faire plus avec très peu


Nous vivons dans un village global avec internet au bout des doigts, un téléphone mobile perpétuellement vissé dans la paume de la main et un ipod touch qui claironne au fond du sac pour aviser d’un nouveau message Facebook. J’aime être branchée.
Mais ici, internet se fait attendre. Cruellement. Je ne peux pas aller surfer sur la toile en faisant mon yoga ou en mitonnant le repas. Je dois aller me percher sur le bord de la fenêtre de la chambre de Clopinette pour capter le réseau de mon gentil voisin. Une gymnastique quotidienne qui fait bien rire les ouvriers du coin.
Comment skyper sans ameuter tout le quartier? Toutte-toutte-toutte-ti-louppe-toutte!!!! Buzz…buzz… « Allô maman? Ça va? Ce que tu entends en ce moment? Ben…ce sont les oiseaux qui chantent! » Mais la convivialité a ses limites…L’autre jour, mes filles se chamaillaient solide pour un centimètre rogné sur le bord de la damnée fenêtre. La voisine a ouvert la sienne pour leur siffler autre chose que les notes d’un pinson. Ça ressemblait à quelque chose comme « fermez-là, vous nous cassez les oreilles! » Remarquez qu’elles l’avaient bien cherché, mes deux vilaines!
L’avantage d’un tel système, c’est que dans cette maison, personne n’est accroc à internet. Les moustiques sortent sur le coup de 18 hrs pour décourager même le plus endurci des internautes.

18 oct. 2010

J’aime ça, j’aime ça, l’agriculture…
C’est un air connu qui a propulsé notre Marjo nationale sur la planète des stars "made in Quebec" alors qu’elle chantait avec Corbeau.
Ici aussi, on aime ça l’agriculture et plus précisément, l’horticulture.
Nous sommes allés au Salon de l’horticulture de Pouembout alors qu’il faisait une chaleur tropicale : humide et collant, un temps idéal pour chouchouter ses cactus.
L’horticulture est un véritable dada ici. Il faut voir les cours luxuriantes et colorées agrémentées quelquefois d’un petit carré de pelouse jalousement soigné. Un véritable exploit dans un lieu aussi désertique que le nord!
Nous avons dépensé tout près de 10 000 francs pacifiques (100 dollars) pour nous mettre au vert. Notre villa est planté au milieu d’un terrain en friche…Est-ce que je saurai faire jaillir un petit oasis dans Green Acre?
J'ai étrenné ma nouvelle caméra vidéo...difficile exploit pour une journaliste qui avait l'habitude de partir avec un pro de l'image. Et je me fais les dents sur un nouveau logiciel de montage...pas facile!

horticulture-pouembout

12 oct. 2010

L'insouciance de la vie, à Trois-Rivières
Partir ou ne pas partir…
Flashback sur la rue Quirion à Trois-Rivières. Le jour tombe sur ce début d’été qui a commencé en lion. Il fait beau, il fait chaud. Chéri et moi prenons l’air. C’est lui qui m’a tirée hors de la maison pour, dit-il, « se faire un petit tête-à-tête en prenant une marche ».  Bizarre.  Je le sens excité comme une puce. Ce n’est pas son habitude. Et là, il lâche la bombe avant même d’atteindre le coin de la rue : « qu’est-ce que tu dirais si on allait vivre en Nouvelle-Calédonie? » Nouvelle-Calédonie, le caillou au milieu du Pacifique sud, là où tout est bleu comme dans bleu-paradis…La Nouvelle-Calédonie. Un gros quinze secondes s’égrène avant que je ne réponde : « c’est sûr qu’on y va! ».
Pourquoi dire oui? C’est un beau pays avec de jolies plages. Il pleut solide à l’occasion mais ça fait partie de la vie. Après la pluie, le beau temps.  Ce n’est pas un pays du G-8 mais ce n’est pas le contraste d’une contrée en Afrique.  On y parle français donc il y aura de la baguette et des pains au chocolat.
Nouvelle-Calédonie….Pourquoi dire oui?
On peut le faire en famille, c'est-à-dire avec les trois. Lulu a 15 ans, Clopinette 13 et Princesse des îles aura 11 ans. C’est maintenant où jamais.
Je vais abandonner ma carrière, vendre ma maison et dire au revoir à une vie toute tracée et sans soucis. Je vais visiter ma famille et mes amis en coup de vent une fois par année. Et c’est bien ainsi.
Si je dis non, je vais vivre avec cette cuisante et perpétuelle expression : « j’aurais donc dû… »
Et ça, vraiment c’est non.

10 oct. 2010

Liste des choses à faire
Jogger 
Ecrire 
Faire les albums photos (ah! 10 ans de rattrapage pour les 3 enfants!) 
Comprendre l’usage de tous les boutons sur ma caméra-vidéo. Dompter logiciel de montage
Faire l’épicerie 
Boire moins de vin.  Dur! 
Préparer les cartes de Noël  (et oui, même en octobre!) 
Initier les 3 monstres au plaisir de la cuisine 
Lire autre chose que des revues de filles  
Sourire. Ne pas oublier de sourire.

Koné, amadoue-moi, amadoue-moi!
C’est la nuit et je suis en plein délire. Je rêve ou il y a des esprits qui rôdent? On dirait que je suis dans un film de Wes Craven avec la petite musique lancinante qui vrille mes tympans. Mon souffle s’accélère. Ah non….les fantômes tapis dans mes songes s’apprêtent à bondir. Une lumière s’allume et s’éteint. Je le sens, je vais subir les pires sévices. Où sont les monstres? Affolée, j’aperçois une main qui s’avance vers moi. Je hurle mais c'est peine perdue: aucun son ne parvient jusqu’à mes lèvres. Je mets l'instinct de survie, affuté lors de mes cours d’auto-défense, en mode « auto-protection ». Je m’apprête à bondir pour mordre, telle une possédée.
Et là, qui vois-je? Chéri, la main suspendue au dessus des draps, le sourcil en accent circonflexe. Une ombre passe sur son front : il croit que je suis dingue. Serais-je devenue l’héroïne d’Exorciste? Ce n'était qu'un mauvais rêve. Chéri est déjà prêt à enfouir sa tête dans l'oreiller pour retrouver le sommeil non sans m’avoir donné une courte caresse sur la cuisse pour effacer ce curieux intermède au milieu de la nuit. Je me replonge dans un sommeil agité.
C’est notre deuxième nuit à Pouembout, le village voisin de Koné. Nous avons fait trois heures de route au nord de la capitale Nouméa pour atteindre notre domicile. Plus les kilomètres s’allongeaient derrière nous, plus je réalisais que nous allions vivre côté brousse.
Où sont les supermarchés? Et cette école au milieu d’un champ, c’est bien le lycée dit « agricole » de mon fils Lulu? Bizarre, ce cheval sauvage qui broute le long de la route…Où est la mer? Où sont passés les gens du village après 18 heures?
Je m’ennuie déjà de Nouméa. Est-ce que le nord saura se laisser amadouer? Sitôt réveillée, je pars marcher avant la chaleur du jour pour chasser le souvenir de cette mauvaise nuit. Sur ma route, je croise des locaux qui m’envoient la main en m’adressant un large sourire. Sans trop le savoir, ils répondent à ma question.

6 oct. 2010

C’est bin wack la Nouvelle-Calédonie
Un beau 100 piastres en CFP
Très « wack », comme le décrit Lulu, l’aîné de la famille.
Jour 1 à Nouméa. Je sors à 7 heures pour le premier jogging de ma vie de néo-calédonienne et me voilà comme dans un film avec les scènes de bonheur qui se succèdent. Le livreur qui ralentit pour gentiment céder le passage à une piétonne, un bébé gigotant dans sa poussette, des japonaises qui font saucette dans la baie des Citrons avec des nouilles spaghetti, un cycliste qui m’envoie la main en se fendant d’un grand sourire, des palmiers qui ploient sous le vent pour m’ouvrir la voie, un black qui chille en écoutant son ipod à l’ombre d’un arbre aux branches crochues sorti tout droit du Seigneur des anneaux, une vieille dame en fauteuil roulant qui se fait pousser par sa nounou, une maman grosse comme une baleine qui surveille un minuscule bébé trottinant dans le sable et trois retraitées franchouillardes habillées en hommes-grenouilles qui se préparent à aller faire de la plongée.
Et il y a aussi une joggeuse qui traîne sa carcasse avec un sourire gaga tout en écrasant une larme. C’est moi.
C’est pas la douleur. C’est le bonheur.