1 mai 2012

Jésus flash les lumières



Voici l’ado debout dans la cuisine avec une brassée de linge sale dans les bras.  Son linge sale.  Un portrait aussi mystifiant que le sourire de la Joconde.  Mais la surprise, c’est la bulle qui jaillit au-dessus de son auréole de cheveux tempétueux et qui se lit comme suit :  « M,man, peux-tu me dire comment fonctionne la machine à laver? »  Je n’ai pas rêvé, il a bien prononcé ces mots.

Je ne suis pas en train de vous révéler un fantasme enfoui dans mes rêves les plus fous.  Il s’agit bel et bien de l’aîné Lulu, le sourcil en accent circonflexe, animé d’une curiosité sincère parce qu’il veut savoir comment dompter la frontale dans la salle de lavage.  

Nous allons sonder ensemble les mystères des différents cycles.   En moins de deux minutes, il a compris la subtilité entre coton, synthétique, soie et extra rinçage.  Tout baigne.

Une fois la leçon terminée, je m’attaque à la tâche ingrate du décorticage des crevettes et là, une autre surprise m’attend :  la cadette, Clopinette, surgit à mes côtés pour me poser la colle du jour :  « Maman, comment on fait les crevettes coco?  Je vais t’aider! »

Je cherche la caméra cachée…Il y a certainement un producteur de Surprise!  Surprise! dans notre maison!  Pourquoi cette conspiration soudaine?

Et je finis par comprendre…Cette lueur qui brille, c’est la lumière au bout du long tunnel de la crise d’adolescence.   Mes deux plus vieux ont fièrement guerroyé pour imposer leur identité mais il semble que le drapeau blanc soit déjà sur le point d’être hissé. 

Il y a de l’espoir…Jésus existe.

La benjamine, Princesse des îles, entre en scène avec son Ipod tonitruant le dernier tube de M Pokora.

« Tu peux baisser le volume un chouilla, ma jolie? »

Une simple remarque et c’est comme si je lui avais versé de l’acide sur le corps.

« Ah, là!  Faut toujours faire ce que vous dites! ». lance-t-elle avec les bras en croix comme la victime qu’elle est soudain.

Un constat s’impose :  il y a encore quelques rounds à venir dans cette arène où l’adolescent défend âprement ses positions.  Heureusement, mes deux plus vieux ont aiguisé mes réflexes de mère zen.  Je me fend d’un large sourire et susurre à ma plus jeune deux options pour un repli stratégique dans ce début de bataille de tranchée :  c’est le Ipod ou la chambre capitonnée.

Le Ipod me tombe dans les mains. 

Je crois que je viens d’obtenir mon grade de général grâce à mes ados.  Mais Jésus, ne me lâche pas!  

Two down, one more to go.

2 commentaires:

Fée des Bois a dit…

Savoureux billet que j'ai eu beaucoup de plaisir à lire. Merci pour ce beau moment tout en tendresse.

Chantal Carignan a dit…

Merci! Mes enfants sont extraordinaires! Tellement beaux et heureux !