3 juin 2012

L'autoroute du plaisir



J’ai une autoroute de joggeurs qui passe devant chez moi.  La promenade Pierre Vernier vient ceindre la baie Ste-Marie jusqu’au Ouen Toro – une petite colline qui est en fait un vaste terrain de jeu avec son dénivelé de 128 mètres. 

Le tout Nouméa vient y trotter :  des coureurs aux fesses de fer bien rebondies, des enfants accrochés aux baskets de leurs parents, des madames qui piquent une jasette en prenant une petite marche santé, des jeunes mamans qui suent accrochées  derrière des poussettes aussi aérodynamiques qu’une navette de la NASA, des adolescentes bardées de lycras fluos et d’étonnantes personnes âgées qui courent en rebondissant comme des jeunesses. 

C’est une faune qui n’arrête jamais.  Les premiers coureurs foulent la promenade vers 5 heures et demi du matin.  Ça défile en grappes jusqu’à 8 ou 9 heures et puis, la promenade devient presque déserte, écrasée sous le soleil.   

Le grand trafic reprend en fin de journée,  une véritable ruée aérobique sous les cocotiers.  Je repousse l’heure de l’apéro, enfile mes chaussures fanées et je mets mon clignotant pour fendre moi aussi la circulation.  J’ai parfois une de mes grandes filles à mes côtés.  J’irradie à ces moments en admirant mes chéries aux enjambées musclées. 

Le jour tombe vite et l’énergie remonte.  En buvant un grand verre d’eau face à la fenêtre, je ne me lasse pas de regarder les nocturnes qui viennent se doper aux endorphines.  C’est une drogue dure dont le plaisir croît avec l’usage.

  

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