16 août 2012

Elle s’appelait Lina


Debout sur la montage, je tourne les images des parapentistes du Ouen Toro.  Depuis le temps que je les vois picoter le ciel au dessus du lagon, je décide finalement d’aller y voir de plus près.

Tout en admirant ces poètes lancés dans le ciel, chassant la brise du large, j’ai eu une pensée pour Lina, ma cousine décédée.

Comment vous la décrire?  C’est une cousine mythique que je voyais de temps en temps.  Enfant, je la suivais comme un chien de poche pour toucher sa longue chevelure ondoyante attachée avec un cordon de cuir.  Je l’imaginais sur la pochette d’un disque de Fiori Séguin avec  un brin de foin au coin des lèvres.  Lina-Flower-Power.

Ma cousine a ressurgit alors que je commençais ma carrière en journalisme.  La fière trentaine, touche-à-tout des communications, allumée, aventurière. 
Elle enchaînait les projets, les passions, les petites folies :  sillonner les routes des îles de la Madeleine sur sa Harley Davidson, virevolter tout en arabesques sur un trapèze (l’aérobie, ce n’était pas pour elle!), apprendre la joaillerie, se marier pour ses 50 ans, teindre ses cheveux de toutes les couleurs, gâter ses parents, voyager.

Sa vie s’est arrêtée sur la route 132 entre Sorel et Nicolet.  Je crois bien qu’elle avait 51 ans.  Collision multiple impliquant un camion semi-remorque.  J’ai écrit 100 fois ce genre de nouvelles mais je n’arrive toujours pas à rédiger trois lignes sur ce terrible accident.

Lina a subi un grave traumatisme crânien.  Elle s’est retrouvé emmurée dans son propre corps, incapable de communiquer avec les siens si ce n’est en soulevant l’index ou l’avant bras.

Mais même dans cette caverne sombre et parfois triste où elle est restée pendant 3 longues années, je suis convaincue qu’elle allumait sa propre lumière.  Tête en bas, entre ciel et terre, à se balancer sur un trapèze.  Chevelure bleue au vent au volant de sa Harley Davidson.  Parée de bijoux.  Habitée de beauté. 

Ma cousine mythique aurait eu 57 ans le 25 août prochain.  Je retiens d’elle les plaisirs fougueux et le bonheur en mode partage.


Bonne fête Lina.  Je te dédie mon reportage sur ces fous qui osent se jeter dans le monde tout comme tu as si bien su le faire.

1 commentaire:

Équipe Vélo Mauricie a dit…

Festival Western de Nouméa :)