3 août 2012

Voyager léger quand vous broyez du noir


Mardi matin.  Le ciel est plombé d'un gris-Québec-en-novembre. Même ici, on maudit l'hiver, même s'il est délicieusement austral.  J’ai envie de fendre les flots de la baie juste en face de chez-moi.  Nagez jusqu’au premier îlot ensoleillé, dérouler une natte et faire un éventail avec mes orteils dans le sable blanc crème.  Une pause langoureuse avec une Heineken dans une main et un magazine débile dans l’autre.  Un beer buzz à midi, les yeux mi-clos et un sourire gaga, c’est le label des incorrigibles vacanciers.


J’ai besoin d’air.  La reine du foyer a le droit d’être au bout du rouleau.    Début de crise de la quadra? J’en ai déjà guérie plus d’une et je connais le remède pour éviter que ça pète :  partir sur un nowhere.

Je saute sur mon clavier et tape les destinations les plus folles :  Fidji, Bora Bora, Hawaii, Fukushima (non, là je pousse un peu…)

Où aller pour une escapade de 4 jours en amoureux?  Il y a un déclic :  Lifou.  35 minutes en avion, pas de décalage horaire.  Même monnaie mais tout de même, langue étrangère.  On y parle le Drehue.  Ça sonne comme de l’inuit avec beaucoup de consonnes.  Une langue vachement rigolote parce que les habitants de Lifou n’arrêtent pas de se marrer comme s’ils étaient en plein festival Juste pour Rire.  Toujours la banane fendue jusqu’aux oreilles, les épaules qui sautent, la main qui tape sur le genou et ça glousse et ça pouffe.  Si j’étais parano, je croirais dur comme fer qu’ils se foutent tous de ma gueule.  Mais non, ils sont comme ça :  heureux comme dans les pays scandinaves à la différence près qu’ici, il fait 25-30 sous le soleil et pas zéro avec un petit crachin.


Je profite du spécial deux nuits pour le prix de trois au chic Drehue Village à We.  L’aubaine ne s’arrête pas là :  nous avons aussi un coupon-rabais de 50% pour un dîner en amoureux sous le faré.  Je suis aussi chiche que folle à lier.  

Pour cette escapade, petite valise :  un seul et unique bikini, mes claquettes Sketchers, deux robes roulées en boule, le top à paillettes, un jeans et une petite laine.  A cela s’ajoute la tonne de revues, l’aquarelle en kit, la trousse à maquillage et plusieurs bouteilles de vin.  Ne pas oublier la cafetière expresso et le mini-réchaud de camping.  Au bout du compte, Chéri croule sous le poids du sac :  25 kilos.  On sort la poignée de menue monnaie pour défrayer la surcharge.

Et nous voilà partis!  Un « must » à Lifou :  louer un véhicule pour aller se perdre sur un bout de plage.  Luengoni est dingue.  Brooke Shield aurait quitté le plateau du Lagon bleu pour venir tourner son film ici si elle avait vu ce lieu de rêve.  Une demi-lune de sable blanc d’un kilomètre et une eau turquoise qui vous éclate la rétine tellement la couleur est intense.  Nous avons loupé l’attraction locale :  une grotte sous-marine de 30 mètres…Bah, il faut se réserver d’autres découvertes pour un prochain voyage.   Nous avons déjà mentalement planté notre tente à deux pas de ce paradis, au gîte Jeanne Forrest. 



La baie Wadra n’est pas mal non plus si on aime les images d’écrans de veille d’ordinateurs.  Plus caillouteux en raison des récifs coralliens mais carrément hypnotique avec des reflets de Sainte-Vierge sur l’acide.  De temps en temps, une tortue qui se prend une petite gorgée d’air frais et plop!  la voilà qui replonge pour aller brouter son pain quotidien. 




J’ai craqué pour la plage de Peng, ma préférée.  Wow!  À s’en décrocher la mâchoire… La plage de Peng se trouve au bout de la route de terre, tournez à droite juste avant le terrain de foot dans la courbe avant d’arriver à Drueulu.  Vous vous perdrez de toutes façons, il y a autant de terrains de foot que de patinoires au Québec. 






J’ai posé ma serviette à côté d’une pirogue.  Pas un truc en carton pâte, une vraie pirogue en bois avec la poupe (ou la proue?)arborant la face sculptée d’un requin comme dans les photos du National Geographic.  L’aventurière que je suis a ensuite sorti une cannette du sac à dos de sa tendre moitié pour déguster une bonne bière tiède.  Je suis au paradis.  Je recommande le beer buzz de 4 heures sur le bord d’un lagon pour soigner la dépression passagère de la ménagère.



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