23 janv. 2013

Un saut sur Google map : de Nouméa à Trois-Rivières



Je reviens chez nous à Trois-Rivières.  Je l’ai appris bien malgré moi, ne sachant pas que je déposais ma valise non pas pour quelques mois mais pour plusieurs années à venir.

J’avais la possibilité de m’attaquer à mon cancer comme une voyageuse aventurière :  opération à Nouméa sous les doigts de fée d’une gynécologue avec une solide réputation, radiothérapie pendant cinq semaines dans la flamboyante Sydney et retour au bercail dans ma luxueuse maison de Val Plaisance.

J’ai répondu comme tous les frileux qui achètent un 6/49 au dépanneur  « non, merci! » lorsqu’on m’a offert l’Extra.  Non, merci.  NON MERCI!  Non merci?

Sydney-en-été?  Promenade réconfortante à Bondi Beach en admirant les réputés lifeguards à bonnet bleu et blanc.  Café dans un petit troquet avec vue sur Opera House.  Sieste au Botanical Garden…


Le plan de traitements se poursuivait chez moi à Nouméa.  Confortablement lovée dans mes couvertures face aux grands cocotiers et au Pacifique.  Il suffisait de passer de la chambre au salon pour zapper à un autre paysage, tout aussi turquoise et hypnotisant.


Des gougounes, une robe légère en guise de pyjama et un petit teint hâlé pour mystifier tous ceux qui s’inquiètent de mon état. 

Regardez, je n’ai pas le cancer, je suis en vacances!

Et non.  Est-ce mon petit fond judéo-chrétien qui m’a fait tourner le dos à ce tableau de rêve?

J’ai choisi d’atterrir à Trois-Rivières en novembre.  De faire du jogging dans la gadoue.  De me tartiner d’autobronzant pour entretenir l’illusion d’un sud indélébile.  De m’habiller en pelures d’oignon.  Glamour!

J’ai pourchassé les rayons de soleil en changeant de côté de trottoir et la magie a finalement opéré.  Il y a de la magie même dans le gris.  Une ruelle touchante d’authenticité, les héroïques amateurs de vélo pendant la saison froide, le réconfort d’un latte chez Morgane, d’un verre de vin au coude à coude le jeudi au Trèfle, le comfort food le samedi soir entre amis, la douceur des foulards et le look rugueux des grosses bottes avec une jupe.  


Et puis un jour, la neige réveille les vieilles nostalgies.  L’enfant morveux avec la tête enturbannée d’une longue écharpe se réveille, cueillant les flocons duveteux qui tombent comme des confettis.  Oublie le froid.  Rit de ses orteils en pop-sicle.  Imagine le Taj-Mahal en sculptant un congère plus grand que lui face à sa maison.  

Je suis rentrée au pays.  Et le pays m’est rentrée dedans.  


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Chantale,
Je viens de terminer la lecture de votre site. J'ai beaucoup apprécié. Beaucoup d'humour et excellente écriture. BRAVO!!!!
J'ai bien aimé votre entrevue que vous avez accordée cette semaine à la télévision de Radio-Canada (CKTM). Témoignage touchant, stimulant et inspirant.
Bon succès dans tous vos projets!

Anonyme a dit…



AMOUR, RÉSILIENCE ET SÉRÉNITÉ;
FORMULE MAGIQUE POUR SAVOURER CHAQUE
INSTANT QUI NOUS EST OFFERT.

IL FAUT SAVOIR ETRE PLUS FUTÉE QUE L'ADVERSAIRE.

MES PENSÉES VOUS ACCOMPAGNENT...

Michèle a dit…

Merveilleux billet, moi aussi j'adore passer par ici...

marge a dit…

Mon grand regret, ne pas vous avoir rencontrée en chair et en os sur Nouméa...je suis arrivée un poil (ou un cheveu) trop tard...
Je vous souhaite beaucoup de bonheur dans votre nouvelle vie.
Françoise.