29 mars 2011


Les deux vies de Georges

Vous vous souvenez de Georges Proulx, originaire du village de La Visitation d’Yamaska?  C’est mon beau-frère Christian, celui qui est à 6 degrés de séparation du pape, d’Obama, de Bill Gates et de Madonna, qui nous avait lancé sur sa piste.  Vous ai-je dit que mon beau-frère connaît TOUT LE MONDE?  Son cercle d’amis s’étend jusqu’ici, en Nouvelle-Calédonie.  Il n’y a pas un perron d’église qui lui résiste.  Christian nous avait confié la mission de retrouver Georges parce que, selon ses dires, c’était son « ange-gardien ».  Allez donc dire non à pareille demande…


Nous avons fait une visite éclair à Georges, le retraité du Pacifique,  et à sa compagne Valélia, une wallisienne qui concocte un jus savoureux fait à base de fruits de la passion.  Tous les deux coulent des jours heureux à Bourail dans une maison qui appartenait autrefois aux frères de l’instruction chrétienne.  Elle est située juste en haut de la petite chapelle, près du Discount, sur un chemin qui monte abruptement.  On est en plein cœur de Bourail et la vue y est magnifique.

Je suis retournée voir Georges lundi dernier. Lui et sa douce était assis dans la cuisine.  Les rideaux battaient au vent comme des pavillons de goélette.  Il faisait bon.  Georges avait son même air rieur.  Valélia, elle, vous étouffe un sourire en battant de la main comme si une mouche l’incommodait.  Elle est sympa, Valélia.  Je l’aime beaucoup.  Elle nous a resservi sa délicieuse concoction aux fruits de la passion.

Mine de rien, Georges est débarqué en Nouvelle-Calédonie il y a 40 ans.  C’était en 1971.  On l’appelait alors Frère Georges.  Il avait fait ses vœux et comme beaucoup de religieux de l’époque, il était ici pour enseigner à la jeunesse calédonienne. 

Quarante ans dans un pays où les jours se suivent et se ressemblent dans une paisible indolence.  À l’exception du 5 mai 1988, lors de ce qui est convenu d’appeler ici « les événements :  des indépendantistes radicaux avait pris en otage des gendarmes sur l’île d’Ouvéa.  L’assaut donné par l’unité d’élite de la gendarmerie, le GIGN, avait provoqué la mort de 19 indépendantistes et deux militaires.  La crise d’Oka, version kanak.  Georges ne peux pas nous donner plus de détails parce qu'il n'était pas ici pendant cette période trouble. 


Où était Georges?  Il était au Québec pour y vivre pendant cette même année .  Cette deuxième vie ne s'est pas amorcée de façon inopinée: Frère Georges était redevenu Georges, tout simplement.  Lui aussi a connu « les événements », un grand bouleversement dans sa vie: il est tombé en amour avec une certaine Valélia.  Ils ont uni leur destinée en 1989 à Paris puis en 1990 à Montréal.  Deux mariages, un civil et l’autre devant Dieu, pour bien sceller leur union.

Le caillou rappelle souvent bien des cœurs.  Le couple revient donc en Nouvelle-Calédonie en 1991 et Georges poursuit sa mission d’éducation.  Si vous allez du côté de Pouébo, au nord de Hienghène, sachez que c’est lui qui a mis sur pied l’école professionnelle du coin.  Il a formé deux générations de mécaniciens et menuisiers.  Mahité, une mélanésienne du coin, est venu l’épauler pour organiser les cours de couture et de cuisine.  Non, mais…n’allez pas croire qu’il sait tout, il a eu besoin d’un coup de main, le Georges!

Encore aujourd’hui, il y a des travailleurs sur le chantier de la plus grosse mine de nickel au monde, KNS,  qui se souviennent de Monsieur Georges.  C’est lui qui a jeté les bases de leur éducation.  Même à la retraite, Georges poursuit sa mission.  Il est catéchète à Bourail.
Il compte faire une petite visite au Québec probablement en 2012.  Mais soyez assurés qu’il reviendra à Bourail.  C’est là que se trouve sa patrie.  Là où il veille sur son luxuriant jardin, celui qui lui donne des fruits en abondance jour après jour.

A plus tard, Georges.  Bisoux à toi, Valélia!

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