12 avr. 2011


La désintox

C’était il y a longtemps…Je faisais mon yoga dans les allées du magasin Winner’s le mercredi soir pour me remettre d’un début de semaine trop rock’n’roll.   Je confesse aussi avoir été accroc du shopping pendant mes pauses du midi.  Je grignotais un Joyeux Festin au volant de ma bagnole pour me rendre à un haut-lieu de pèlerinage,  le centre d’achats.  Je me suis infligée vertiges et palpitations lors d’achats compulsifs.  Je me souviens même de la brûlure de la carte de crédit entre mes doigts.

C’était avant Koné, le pays de la simplicité volontaire. 

Je vous le concède, il faut être riche et n’avoir jamais manqué de rien pour réaliser à quel point la consommation peut-être futile.  C’est un luxe inouï que de pouvoir dire un jour : je boude le plaisir d’acheter.  Je n’imaginais pas m’adonner à une telle expérience en choisissant de vivre à l’étranger.

Il n’y a rien ici. Pas de chaussures, pas de chandelles, pas de club vidéos.  On ne manque pas de pain ni de vin.  Pour les fruits et légumes, il faut tomber sur les bons jours.  Il y a désormais un mot tout nouveau et plein de joyeuses promesses dans mon vocabulaire d’expatriée : ARRIVAGE.

Les arrivages de denrées, d’ampoules électriques, de douzaines d’œufs, de poulets et autres frivolités nous plongent dans la plus grande délectation .  « Oh! Des oranges!  Ah! Des fraises surgelées! ».  Mais attention! Il y a aussi le choc de la pénurie qui nous guette.  Fidèle à mon habitude, je demande 500 grammes de jambon blanc à la plus gentille des bouchères.  « On est en rupture de stock.  Il n’y en n’aura pas pour au moins trois semaines… », me dit-elle avec son plus beau sourire.  Chou blanc avec le jambon, ça ne fait pas de très bons sandwiches.

Mon amie Louise, en désintox tout comme moi,  est en quête perpétuelle pour acheter son six pack d’eau pétillante…Pauvre Louise…Je crois que les commis du Leader Price planquent les bouteilles dans l’arrière-boutique en la voyant arriver.  Ils veulent la guérir de sa terrible addiction!

Mais quand il faut acheter, on fonce! C’est ce que j’ai fait alors que je devais remplacer mon ouvre-boîte déglingué.  J’ai fondé mes espoirs sur le bazar bordélique de mon magasin-épicerie préféré, Chez Roes.   Je demande à la commis si elle avait un tel outil, certaine qu’elle allait relever le défi haut la main.  Que pensez-vous?  On n’a peut-être pas grand’chose à Koné mais les ouvre-boîtes, il y en a toujours stock.  Elle m’emmène au fond d’une rangée, s’agenouille devant un présentoir fermé à clé, l’ouvre cérémonieusement et m’exhibe un ouvre-boîte version deuxième guerre mondiale.  Une fois ouverte, votre boîte de conserve a l’air d’être explosée tellement vous avez tailladé le fer avec hargne.  Est-ce que ce modèle me convenait?  Je l’ADORE!  Mettez-moi en une caisse!

1 commentaire:

Alain Dufresne a dit…

Chantal...j'adore! Les gens chez-nous ne se rendent pas compte de la vie ici, mais tu sais vraiment peindre la situation!...Je te souhaite un Casino, un Champion ou même un Carrefour avant la fin du mandat! ;-)