11 avr. 2011

Lettre à mon aîné

Cher Lulu,

Il n’y a pas une journée où je ne pense pas à toi et à tes soeurs.  Tu as beau avoir 16 ans, tu n’es pas exempté de la prière quotidienne de la mère poule.  Je te confie au p’tit Jésus même si tu me dépasses d’une tête et que tu peux me porter sur tes épaules.

Port-au-Persil, été 2008
Six mois se sont écoulés depuis notre arrivée.  Je sais que le temps n’a pas encore effacé le souvenir amer de ce triste samedi de septembre où tu as été obligé de dire au revoir à tes potes.  Le lendemain, c’était au tour de ton cousin Didou, ton éternel complice, d’essuyer une larme avec toi.  À notre arrivée dans ce nouveau pays, tu étais en colère, une colère qui a grondé longtemps sans que je ne puisse rien y faire.  Il n’y avait ni crise, ni répliques courroucées.  Tu as toujours été affable.  Mais cette rage sourde n’a pas échappé à mon regard aiguisé.  Moi aussi j’avais de la peine de te savoir plongé dans ce mal de vivre passager.  Ni le bleu de la mer, ni les étoiles du ciel, ni la douceur du climat ne parvenaient à te faire oublier ta vie là-bas, chez-nous.  Ta vie avant la Nouvelle-Calédonie.

Les semaines ont filé.  Lentement mais sûrement, je t’ai vu émerger.  Tu as fini par sortir de ta chambre.  Tu regardes les infos à la télé et tu poses des questions.  Tu me communiques tes résultats scolaires avec une pointe de fierté.  Tu fais des petits boulots.  Tu t’es mis à la planche à voile, au plus grand bonheur de ton père. 

Ta force me touche.  Cependant , je ne suis pas dupe.  Juste avant que tu ne prennes le chemin du lycée ce matin, je t’ai surpris assis sur ton lit en train de regarder l’album photos de tes amis.  Ton cœur est encore au Québec et c’est normal.  La première bande d’amis, c’est la famille en mieux car on les a choisis. 

Nous ne sommes pas si différents, tu sais.  Moi aussi, je vais garder un souvenir amer lorsque tu partiras pour faire ta vie.  Mais je vais m’inspirer de ton courage pour poursuivre mon propre chemin.

N’oublie pas ceci :  je n’arrêterais jamais de te regarder vivre avec attention et bienveillance.   Et mes prières vont toujours t’accompagner.  Tous les jours.

Ta mère qui t’aime très fort.

2 commentaires:

Unknown a dit…

Tu me fais verser une larme, toi, ce matin. Wow !! Quelle belle lettre à ton fils ! J'ai bien hâte de voir le mien à cet âge-là !!

Unknown a dit…

Oufff moi aussi j ai pleuré devant ce témoignage a ton fils, tu as écris ce que nous ressentons lorsqu ils prennent une distance, font des choix différents....ou s opposent a nos choix. Bonne continuité, force, courage et tendresse.