25 sept. 2011


                                                        C’est ma vie!

S’il y a un refrain qui me défrise ces jours-ci, c’est bien celui-ci :  « C’est ma vie! »   L’ado en fait son mantra pour conjurer le mauvais sort d’une mère qui est lourde, mais lourde!  C’EST MA VIE, avec un accent tonique sur l’adjectif possessif « MA».    
Trois petits mots qui décoiffent.  Une affirmation philosophique d’une étonnante simplicité mais qui vous plonge dans d’inextricables prises de tête et vous fout en l’air un repas en famille comme dans le pire épisode de l’émission « Un dîner presque parfait ».

C’est ma vie si ma chambre est un bordel.   C’est ma vie si je regarde sans interruption les cinq saisons de Gossip Girl sur internet.  C’est ma vie si je rentre à minuit et demi.  C’est ma vie si je sèche les cours nuls.  C’est ma vie si je végète en bouffant du nutella.   C’est ma vie et rien ni personne ne peut m’empêcher de la vivre comme bon me semble.

Et moi qui aurait préféré la version d’Adamo :
« C’est ma vie, je n’y peux rien c’est elle qui m’a choisi »

Dans la version plus caustique des ados, il y a une pelle qui creuse un fossé entre mon existence et la leur, un mur de Berlin des années 80, un dialogue de sourds entre Israël et la Palestine.  Une irréparable chicane entre Brad Pitt et Jennifer Anniston.  On se dit, ça y est, c’est fini.  Mon ado m’a rayée de sa vie.  Pas une ligne de ce refrain ne vous est consacrée si ce n’est pour vous tasser.  Attache ta tuque, mon petit poussin, maman ne pèse peut-être que 110 lbs mais il va falloir que tu t’arraches les biceps pour me faire bouger d'un poil.  Et non, me passer sur la tête n’est pas une option.

Cette chanson à trois mots et un seul accord me fait grimper dans les rideaux presqu’autant que l’insipide Pokerface de Lady Gaga.  Quand l’ado en rogne siffle un « C’est ma vie ! », c’est une déclaration des droits de l’homme en mode tempête d’hormones.  Drôle de proclamation puisqu’ils n’ont que des droits.  Le droit d’être bordélique, colérique, égoïste, impoli.   Et dans la liste des devoirs, qu’y a-t-il?  Un grand vide sidéral.  Page blanche.  L’immunité diplomatique des adolescents, un principe qu’ils ont inventé.

Devinez quoi?  Je siège encore à l’ONU : l’Organisation d’une Nouvelle Unité.  Un droit contre un devoir, tu kiffes?  Une baboune, c’est non.  Une baboune qui est de corvée pour le souper, ça va.


Et une baboune qui fait les pâtes en chantant du Adamo, c’est le top du top.  Mais je n’en demanderai pas trop.


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