6 nov. 2011

Une sœur à l’autre bout de la terre

Ma sœur est née un 6 novembre alors que j’avais 5 ans.  Le bon Dieu avait enfin exaucé mes prières.  Un beau poupon avec des yeux qui lui dévoraient le visage.  Une petite bédaine sur laquelle je ne me lassais pas de souffler des becs en pettes.  Des rires en cascades quand je faisais le clown avec un chapeau plié dans une feuille de l’hebdo Le Courrier sud.   Un vrai bébé avec des couches à changer, pas la poupée Mattel qui fait pipi en lui pompant un biberon à l’eau bleue.   J’étais la petite fille la plus heureuse au monde.

La poupée a grandi et j’avais des aventures toutes aussi saugrenues les unes que les autres à lui faire vivre.  Malheureusement, j’étais souvent la seule à rire.

Je l’ai promenée comme une caisse de 12 sur le guidon de mon vélo.  Elle a évidemment passé la gratte avec son nez quand je l’ai laissée tomber.

Je l’ai fait culbuter comme un bâton de majorette au dessus de ma tête.  J’ai bien failli lui casser le cou.

Je l’ai embrassée avec des grandes coulées de bave dans le cou jusqu’à ce qu’elle en pleure.  Je l’aimais trop.   

Heureusement pour sa propre sécurité, ma sœur a grandi.  Et elle m’a fait grandir.  Avec elle, pas de chi-chi.  Elle vous trace le plan de match quand vous lui confiez que vous errez.  Elle rit comme une mitraillette.  Elle cuisine avec une autre paire de bras qui lui pousse on ne sait où.  Elle a le système « D » imprimé dans son ADN :  jamais à bout de ressources.  C’est une mère extraordinaire.  Une force de la nature. 

Nous allons nous retrouver dans quelques semaines pour célébrer ses deux anniversaires manqués.   Le naturel va revenir vite :  elle va me reprendre quand je vais placer les fourchettes à l’envers dans le lave-vaisselle.  En revanche, je vais peut-être lui faire un bec en lichette.  Juste un pour lui dire combien je l’aime.

Bonne fête, Claudie.




Aucun commentaire: