14 mai 2013

My radical choice




« Brad, tu m’aimes toujours? ».  Angelina doute.  Ce soir, les cicatrices sur ses seins lui font mal.  Ses enfants, ses merveilleux enfants, ont renversé un verre de lait, levé le nez sur son pâté chinois; ils se sont essuyés la bouche avec la nappe et ont failli ébouillanter le chat avec leur bol à soupe.  Ils ont été… des enfants.  Vifs comme des petits singes, insouciants, heureux.  Pour eux, Angelina n’est pas une demi-déesse descendue tout droit de la planète Hollywood, c’est une mère comme une autre à qui ils crient :  maman, où t’as mis mon t-shirt rouge?  Viendra un jour où ils comprendront ce que leur mère, si ordinaire à leurs yeux, a fait pour eux.  Une mastectomie préventive pour rester là, à essuyer les dégâts, sécher leurs larmes, béquer les bobos et sourire devant la gaieté de leur brouhaha.

Depuis la mort de sa mère en 2007, Angelina tourne et retourne dans sa tête les sombres statistiques rattachés à son risque de développer un cancer du sein et de l’utérus. 

Bien des fois, elle s’est vue debout sur le bord d’une autoroute quatre voies en pleine heure de pointe.  Les automobilistes filent à plus de 100 km/hr.  Elle s’est imaginée en train de prendre une grande respiration pour foncer droit devant.  Dans son scénario, elle meurt inévitablement sous les roues d’un véhicule.  Pourquoi traverser l’autoroute quand on a 87 pourcent de risques de finir écrasée?

Angelina a opté pour le chemin le moins fréquenté, le plus à pic, le seul sentier qui ne la mènera pas jusqu’à une fosse dangereuse :  ablation des seins.  « My medical choice » est le titre qui coiffe sa lettre ouverte publiée aujourd’hui dans le New York Times. 


Un choix médical, radical et très certainement longuement mûri puisqu’il permet d’échapper à tous ces drames quotidiens.  Au canada, 14 femmes meurent chaque jour d’un cancer du sein. 

La mastectomie préventive est-elle une forme de « mutilation »?  A mon avis, c’est plutôt le cancer qui mutile et laisse des traces.  Dans mon cas, il s’agit d’une toute petite cicatrice en forme de sourire, une blessure de guerre que je préfère oublier. 

Et les cicatrices d'Angelina Jolie?  Ce sont les frontières d'un territoire qu'elle a elle même tracées et que le cancer ne franchira pas.

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