2 mai 2011

Le virus de l’accent

Il y a une maladie qui court et elle fait des ravages. Diane Tell, Marie-Josée Croze et Anthony Kavanagh en sont atteint dans sa forme la plus virulente.

Ils ont tous attrapé l’accent franchouillard.

D’autres parviennent à combattre ce terrible virus et s’en tirent avec des séquelles qui laissent peu de traces .  C’est le cas de Roch Voisine qui parvient à dire « prend les clés pis va charcher mon char parké dans le D-12 » quand il descend de l’avion à Montréal-Trudeau.  Ses fréquents aller-retour en France ne l’ont toutefois pas immunisé contre le virus de l’accent.  Ce mal l’afflige aussitôt qu’il met le pied sur un  plateau de télé à TF1 en prime time.  Sous les feux des projecteurs, Roch parle pointu comme s’il avait joué au hockey-bottines pendant toute son enfance dans le fond d’une ruelle parisienne.   Les chercheurs en perdent leur latin car nul ne connaît le mode de transmission de ce virus qui, faut-il le dire pour ne pas créer un vent de panique, ne contamine pas tout le monde.  Robert Charlebois, Gilles Vigneault et Normand l’Amour semblent être immunisés contre ce tic sévère du langage.

Cette maladie honnie s’attire souvent des jugements impitoyables parce qu’elle est confondue avec une tare beaucoup plus sévère : le snobisme.

Je sais de quoi je parle.  Tout me porte à croire que j’ai attrapé le virus de l’accent.

Il y a des signes qui ne mentent pas.  Je me pointe chez le boucher.  « Bonjour! », me dit la commis qui a toujours son indécollable sourire.

Et là, il y a un truc bizarre se trame dans mon ADN ou me chatouille la thyroïde, allez donc savoir comment tout ça se manifeste…Ma bouche se retrousse subreptisement, premier symptôme communément appelé « le cul de poule ». 

« Biiiii-ain, biiii-ain! Ahhhh!  Je vous prendrais bien du jambon blanc aujourd’hui pour mes zzzz'ogres à la maison! ».  L’accent déborde avec des syllabes rondes comme des billes qui claquent avec précision :  JAM! BON! BLANC!  Je me retiens pour ne pas me taper sur la tête avec  ma baguette de pain.  De toutes évidences, je suis profondément atteinte de ce trouble langagier. Rien ni personne ne peut y remédier. 

Ça m’énerve profondément.

« Vous venez de la métroooooo-pooooole? » me demande-t-on pour  mieux cerner cette étrange accent de français de France lardé d’une touche ténue de québécois.

« Moi?  Je suis canadienne! », est la réponse qui sort de mes lèvres comme si je me prenais pour Ségolène Royal qui soutient avec véhémence sa place dans les sondages.

Mais je finis toujours par me rependre :  « Je suis québécoise! ».  Ben oui…dans les dents.  Tellement québécoise.  Céline à Las Végas est plus québécoise que moi.

Y a-t-il une cure, un antibiotique, des granules d’homéopathie ou une séance d’acupuncture qui puissent me débarrasser de ce handicap?

Triste constat:  les recherches piétinent.  Je suis condamnée au syndrome sporadique du cul de poule.

Il n'y a rien à faire, sinon m'accrocher à une mince lueur d’espoir :  je suis encore capable d’enfiler un chapelet de tabarnak! lorsque je me fais couper par un maudit tarla sur la RT1 entre Koné et Pouembout.   

Qui aurait cru aux vertus thérapeutiques de sacres bien gras et bien effilés?  Sûrement pas Diane Tell.

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