24 août 2011

Mercredi  $/?&&*())*?$//

Je suis une mère avec trois ados et les mercredis me dépossèdent.  Ils arrivent comme une bande de ratons laveurs dans la cuisine à onze heures et demi et le tintamarre de leur ventre creux enterre mon Ipod qui joue du Madonna en boucle.  Les enfants n’aiment pas Madonna.  Moi si.  C’est pour ça que nous ne sommes pas faits pour cohabiter le mercredi.

Le calendrier scolaire français a décrété depuis Sacré Charlemagne que mercredi après-midi, c’est congé.  C’est la journée où je m’arrache une petite poignée de cheveux.  Oui, il m’en reste encore mais il ne faut pas que Chéri renouvelle son contrat en Calédonie.  3-4 ans, c’est le max sinon je craque.  Et je serai chauve.

La bande se pointe et furète dans le frigo prête à harponner la dernière tranche de jambon ou les restes de la veille.  Ils se bricolent un en-cas, se le foutent sous le bras en se traînant jusqu’à l’ordi et ruminent leurs milles et une récriminations en constatant qu’ils ont 47 notifications sur Facebook…Oh, ça va être long, très long!  Il est midi ici et on est en plein « rush hour » internet au Québec, c’est-à-dire qu’il est 21 hrs la veille et les copains sont dans le fuseau horaire le plus actif .   

Facebook sent la surchauffe, Messenger joue les « back up » et on skype avec grand-mère en jetant un œil sur le dernier clip casse-gueule du skater blanc de Los Angeles avec des rastas.  Ou le dernier tube de Colonel Reyel qui roule sur "Repeat" ad nauseam.  Ou le nième épisode d'une série de vampires poudrés sur YouTube.  Internet est une autoroute pavée par les ados.

Ils engouffrent les pâtes au beurre, les œufs au plat, les tartines de nutella (quand il y en a), les miettes du cake de la veille et ils décrètent en rotant comme des wawarons, « m’man, c’est l’heure! » et me voilà qui enfile ma casquette de chauffeur de taxi, démarre l’horodateur, branche le Ipod sur mes tubes ringuards et fonce vers la plage, le stade, la bibliothèque, le manège équestre et revient sur mes pas en refaisant le trajet dans l’autre sens en saupoudrant un arrêt à la poste et à l’épicerie.  Arrivée à la maison, je coupe le contact et j’attaque un roman en caressant le volant.  Oui, je reste dans mon « char », comme le chante Desjardins.  J’y suis, j’y reste, c’est devenu mon antre, ma caverne, mon bout de bonheur.  C’est ici que « terminus ! tout le monde descend » et que je me retrouve en paix.  Les mercredis m’ont fait découvrir l’espace infini qu’il pouvait y avoir entre un volant et la banquette.  C’est ici que je finis mes rêves avant d’ouvrir la portière pour affronter à nouveau mon rôle de mère au foyer.  

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