4 déc. 2011

L'ennui

Vous avez déjà fait connaissance avec l’ennui?  Vous savez, l’ennui profond, l’ennui des dimanches pluvieux et des rues désertes, l’ennui de la disette télévisuelle et de la pénurie d’amis, l’ennui en pleine panne internet…Rien ni personne pour vous tirer de cette torpeur anesthésiante.

On appelle ça l’ennui mortel, c’est peu dire.  Avec un tel épithète, pas étonnant que ça fasse peur.  Et ne comptez pas sur un centre d’achat ni même un complexe de cinémas à 22 salles pour fuir votre ennemi.

Planquez-vous et endurez.  Nous sommes ici à Koné.

Mes enfants ont développé une formidable forme de résilience face à cet état de torpeur.  Ils arrivent à respirer malgré la lourdeur de la chape de plomb. 

Lors d’un petit weekend à Nouméa, Clopinette s’est retrouvée avec des copains qui vivent en ville.  Des ados branchés qui ont pour terrain de jeu l’Anse Vata et la Baie des Citrons. 

« Mais qu’est-ce que tu fais les samedis soirs à Koné? », lui demande l’un d’eux, perplexe devant le mode de vie d’une broussarde de 14 ans et demi.

« On s’organise entre amis, on loue des films sur internet, on fait des fêtes… », synthétise ma jolie Clopinette.

Elle aurait aussi pu ajouter qu’il lui arrive de ne rien faire.  Rien du tout.  Elle se laisse bercer tout doucement par l’ennui en écoutant de la musique, en lisant un livre ou encore en feuilletant un vieux Cosmopolitan. 

Lulu traîne quant à lui sa carcasse jusqu’au rond point et fait du skate pendant une couple d’heures.  Il peaufine les « darkside grind », « 360 pop shuv it », « laser flip » et autres figures inspirantes.

Princesse des îles se lance dans la rédaction d’un roman, rien de moins.  Je la vois penchée sur son bureau, noyée dans son labeur, tricotant les dialogues. 

Ça me rassure de les voir dompter l’ennui.  Je ne les entends pas me saouler avec des "maman, je ne sais pas quoi faire!!! ". 

Ils suivent le conseil à la lettre :  se planquer et endurer.

Bravo, vous irez loin mes chéris!

1 commentaire:

Vert Nature a dit…

C'est rassurant de voir qu'y'a encore des enfants qui savent passer le temps en ne faisant "rien".

On coure tellement partout, qu'on a perdu ce lien avec le vide. Et pourtant, c'est parfois dans le vide justement que quelque chose de nouveau à enfin l'occasion de s'inventer.